Les Nations unies entendent lever la somme record de 8,4 milliards de dollars pour faire face à l'aggravation de la «catastrophe» humanitaire en Syrie qui sera au coeur de la conférence des pays donateurs mardi au Koweït.

«Échouer à rassembler ces fonds conduirait à une catastrophe humanitaire dangereuse et terrifiante», a prévenu lundi Abdullah al-Maatuq, l'envoyé spécial de l'ONU pour les Affaires humanitaires.

La situation s'est profondément dégradée en Syrie, où près d'un habitant sur deux a été déplacé en quatre années de guerre, constituant selon l'ONU un record mondial inégalé depuis 20 ans.

C'est pour cela que l'ONU réclamera un effort sans précédent à la conférence au niveau des ministres des Affaires étrangères de 78 pays, qui sera présidée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Ce dernier s'était déclaré samedi «honteux» devant à l'«échec» de la communauté internationale à mettre un terme au conflit ayant fauché la vie à plus de 215 000 personnes, dont 76 000 en 2014, l'année la plus meurtrière.

Les agences de l'ONU affirment risquer de réduire, voire d'interrompre, l'aide fournie aux 7,6 millions de déplacés et aux 3,9 millions de réfugiés syriens établis pour la plupart dans les pays voisins, si les sommes requises n'étaient pas rassemblées.

En 2013 et 2014, les deux premières conférences sur la Syrie avaient rassemblé des promesses de dons de 1,5 md USD et 2,4 mds USD, dont plusieurs n'ont pas été honorées, déplore l'ONU.

Cette année, l'appel est largement supérieur, car il doit couvrir des besoins évalués à 5,5 mds USD pour les réfugiés et à 2,9 mds USD pour les Syriens déplacés, selon le bureau des Affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).

Délai d'un an

«Nous n'avons pas d'objectif précis pour mardi (...) Notre volonté est de rassembler 8,4 mds USD cette année, et la conférence à Koweït sera une étape importante», a précisé un porte-parole de l'OCHA, Jens Laerke.

Plusieurs ONG réunies lundi à Koweït ont rassemblé 480 millions de dollars de promesses de dons. L'ONG islamique turque IHH est celle qui a réuni la somme la plus importante, avec 100 millions de dollars.

Les pays riches attendus mardi ont eux «une chance de renverser la situation, mais ils doivent aller plus loin que l'année dernière. S'ils échouent, cela aura des conséquences dévastatrices pour des millions de civils», a averti l'ONG OXFAM, estimant que seulement 9,8 % des dons réclamés par l'ONU ont déjà été promis.

OXFAM a notamment critiqué la participation des pays européens, dont seuls 10 % ont promis des sommes «équitables» par rapport à l'importance de leur économie.

Plusieurs agences onusiennes ont détaillé leurs besoins, à l'instar de l'agence pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) qui réclame 415 millions de dollars pour venir en aide aux 560 000 réfugiés palestiniens enregistrés en Syrie.

«Si nous ne recevons pas immédiatement des fonds à la conférence, le programme de distribution d'argent liquide, dont bénéficient près d'un demi-million de personnes, s'arrêtera d'ici quelques jours», a prévenu l'UNRWA.

À l'intérieur du pays, près de 10 millions de personnes n'ont pas assez de nourriture et plus de 11 millions ont besoin d'eau potable, estiment des rapports de l'ONU.

Leur situation est devenue plus complexe, car, selon l'OCHA, le nombre de Syriens établis dans des zones «difficiles à atteindre» pour les ONG et agences onusiennes, a doublé en un an et concerne désormais 4,8 millions de personnes. Parmi elles, on dénombre jusqu'à deux millions d'enfants, selon l'UNICEF.

Avec 2,6 millions d'enfants syriens déscolarisés, une génération entière est menacée par la guerre, entrée dans sa cinquième année, s'alarme par ailleurs le Fonds des Nations unies pour l'enfance.