Des rebelles syriens, dont des membres d'Al-Qaïda, ont lancé mercredi une violente attaque contre le QG des services de renseignement de l'armée de l'air à Alep, faisant au moins 34 morts, trois jours après le rejet d'une trêve proposée par l'ONU.

Ancien poumon économique de la Syrie, la ville septentrionale d'Alep est entrée dans le conflit à l'été 2012 et est depuis divisée entre zones contrôlées par les rebelles à l'est et celles du régime à l'ouest.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne mais qui s'appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie, les rebelles ont déclenché une puissante charge explosive souterraine contre un bâtiment abritant des bureaux du service de renseignement de l'armée de l'air, le détruisant en partie, avant de lancer un assaut.

«Des hommes armés ont fait exploser un tunnel qu'ils avaient creusé puis attaqué les environs du siège du renseignement de l'armée de l'air», a confirmé une source militaire syrienne.

L'explosion était assez puissante pour être entendue dans toute la ville, a indiqué un journaliste de l'AFP dans l'est d'Alep. Des habitants ont évoqué une secousse semblable à celle d'un tremblement de terre.

D'après l'OSDH, au moins 20 membres des forces gouvernementales et 14 rebelles ont été tués dans ces violences. Ailleurs dans la ville, six civils ont été tués dans des bombardements rebelles sur des zones contrôlées par le régime.

«L'objectif (des rebelles) était de prendre le contrôle du bâtiment (des renseignements) mais ils ont échoué», a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH.

Ils ont dû faire face à une vive résistance des forces gouvernementales, appuyées par des combattants du  Hezbollah libanais et des raids de l'aviation du régime, d'après l'ONG.

«Des dizaines de (rebelles) ont été tués par l'artillerie et des frappes aériennes», a précisé la source militaire ajoutant que la situation était «calme à présent».

La branche d'Al-Qaïda en Syrie, le Front al-Nosra, a indiqué sur son compte Twitter que ses combattants avaient participé, avec d'autres factions rebelles, à l'assaut.

Déclenché le 15 mars 2011 par une contestation populaire violemment réprimée, le conflit en Syrie s'est transformé en une guerre entre régime et rebelles. Il s'est complexifié avec la montée en puissance de djihadistes, devenus dans la plupart des régions ennemis des rebelles tout en combattant aussi le régime.

Dans une interview à la chaîne portugaise RTP, le président syrien Bachar al-Assad a assuré mercredi qu'il bénéficiait du soutien des Syriens estimant que l'image que l'on donne de lui en Occident -que le «peuple est contre lui, que les pays de la région sont contre lui, que l'Occident est contre lui»- était biaisée.

Les rebelles veulent le départ d'Assad 

La nouvelle attaque à Alep survient trois jours après le rejet par l'opposition d'un plan du médiateur de l'ONU, Staffan de Mistura, pour un gel des combats dans cette ville.

La Commission des forces de la révolution à Alep a annoncé dimanche «son refus de rencontrer M. de Mistura si ce n'est pas sur la base d'une solution globale du drame syrien, qui passe par le départ de Assad et de son état-major et le jugement des criminels de guerre».

L'opposition estime que les idées du médiateur des Nations unies «ne sont pas à la hauteur d'une solution à la crise humanitaire (du) peuple (syrien), qui souffre de l'utilisation par le régime d'armes chimiques et de barils d'explosifs bannis par la communauté internationale».

Depuis fin 2013, l'armée de l'air largue quotidiennement des barils d'explosifs sur les secteurs rebelles, selon l'OSDH, malgré une résolution de l'ONU condamnant cette pratique.

Troisième émissaire onusien depuis le début de la crise syrienne en 2011, M. de Mistura avait proposé une trêve provisoire permettant l'entrée de l'aide humanitaire à Alep. Il avait indiqué en février que le président syrien était prêt à suspendre les hostilités dans la ville pendant six semaines.

Mais l'opposition a été ulcérée par les récentes déclarations du médiateur, qui a affirmé le 13 février que M. Assad «faisait partie de la solution», ce qu'elle rejette totalement.

M. de Mistura espérait établir un gel localisé des combats à Alep, puis étendre cette trêve à d'autres zones et encourager ainsi un règlement politique du conflit qui a fait plus de 220 000 morts, selon l'OSDH, et poussé à la fuite plus de la moitié de la population.

Dans l'interview de mercredi M. Assad a contesté ce bilan de 220 000 morts. «Ce chiffre est exagéré, l'Occident exagère toujours les chiffres en Syrie», a-t-il dit.

A Washington, le plus haut gradé américain, le général Mardin Dempsey, a déclaré que les forces spéciales américaines pourraient éventuellement être envoyées en Syrie pour y épauler les rebelles modérés formés par le Pentagone.

Mais un responsable du Pentagone a minimisé car, d'après lui, «il n'est pas question d'envoyer des troupes américaines en Syrie», sauf dans l'éventualité où un pilote américain devrait être secouru après la chute de son avion.

Par ailleurs, les États-Unis ont proposé à leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution qui condamne l'utilisation de gaz de chlore dans le conflit syrien et brandi la menace de sanctions, sans accuser explicitement le régime de Damas.

Le texte devrait commencer à être discuté jeudi au niveau des experts des 15 pays membres et Washington espère son adoption dès vendredi, selon des diplomates.