Le président Bachar al-Assad «fait partie de la solution» en Syrie, a pour la première fois explicitement souligné vendredi le médiateur de l'ONU Staffan de Mistura, après quatre années de combats qui ont surtout profité selon lui au groupe Etat islamique (EI).

Cette déclaration a été aussitôt critiquée par un responsable de l'opposition syrienne, qui affirmé à l'inverse que Bachar al-Assad était le «problème, pas la solution».

«Le président Assad fait partie de la solution» et «je continuerai à avoir des discussions importantes avec lui», a déclaré l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, juste après une visite de 48 heures à Damas.

M. de Mistura, qui s'exprimait à l'issue d'une entrevue à Vienne avec le chef de la diplomatie autrichienne, Sebastian Kurz, doit présenter le 17 février au Conseil de sécurité un rapport pour tenter de mettre fin à la guerre civile qui a fait 220 000 morts, 1 million de blessés et 4 millions d'exilés.

Il a réitéré sa conviction que «la seule solution est une solution politique» et que faute d'accord, «le seul à profiter de la situation» est l'EI, qui est «comme un monstre qui attend que le conflit se poursuive pour prendre avantage de la situation».

M. Kurz a de son côté relevé que «dans le combat contre l'EI, il peut être nécessaire de lutter du même côté» que Damas, même si «Assad ne sera jamais un ami, ni même un partenaire».

C'est la première fois qu'un envoyé spécial pour la Syrie évoque de manière explicite le président Assad, que les rebelles cherchent à renverser depuis quatre ans, comme faisant partie de la solution au conflit.

L'opposition syrienne a immédiatement fustigé cette déclaration. Bachar al-Assad est «le problème, pas la solution», a déclaré à l'AFP Samir Nashar, un membre de la Coalition nationale syrienne.

«Il semble que De Mistura n'a jamais entendu parler des massacres de masse à Douma» a-t-il ajouté.

Il faisait référence aux intenses bombardements sur ce bastion rebelle de la région de la Ghouta orientale qui ont tué 183 personnes dont 29 enfants ces deux dernières semaines, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

M. Nashar a également rejeté l'allégation de l'envoyé spécial de l'ONU pour qui ne pas inclure le président syrien dans le processus de paix profiterait aux djihadistes de l'EI.

«Si Assad voulait vraiment combattre Daesh (acronyme arabe de l'EI), il enverrait ses troupes à Raqqa (bastion des djihadistes) plutôt qu'à Douma» a-t-il ajouté.

Troisième émissaire de l'ONU pour la Syrie après Kofi Annan et Lakhdar Brahimi, M. de Mistura s'était concentré jusque-là sur l'instauration d'un gel des combats, notamment avec la métropole d'Alep (nord) comme modèle.

Avant lui, le diplomate chevronné Lakhdar Brahimi avait réuni régime et opposition pour des pourparlers à Genève début 2014, mais avait buté sur le refus catégorique de Damas de discuter du sort d'Assad. Il avait critiqué la tenue d'une présidentielle en plein conflit à l'été 2014, s'attirant les foudres du régime qui l'avait alors accusé d'«outrepasser sa mission».

Selon un sondage publié jeudi, une majorité des habitants des quartiers rebelles d'Alep sont favorables au gel des combats proposé par M. de Mistura, mais doutent de son application.

Jeudi, l'armée syrienne a encore bombardé des localités rebelles sur le plateau du Golan, selon l'OSDH.