Les combattants kurdes, appuyés par les raids de la coalition internationale, défendaient mercredi avec acharnement leur ville, Kobané, assiégée par les djihadistes de l'État islamique (EI) dans le nord de la Syrie, à la frontière turque.

Dans le même temps, 41 enfants ont péri dans un double attentat contre leur école à Homs, l'un des bilans les plus élevés en terme de mort d'enfants depuis le début de la guerre en Syrie il y a plus de trois ans, selon une ONG syrienne.

Les États-Unis, qui poursuivent aussi leurs frappes en Irak voisin pour aider les autorités à repousser l'EI, ont prévenu qu'il ne serait «ni facile, ni rapide» de venir à bout de ce groupe extrémiste sunnite responsables d'atrocités dans les vastes régions qu'il contrôle dans les deux pays.

A Kobané (nom kurde de la ville d'Aïn al-Arab), des combats acharnés opposaient l'EI aux membres des Unités de protection du peuple (YPG, principale milice kurde syrienne) qui la défendent «farouchement», selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les djihadistes sont à quelque 3 km de cette troisième ville kurde de Syrie, dont la prise leur permettrait de contrôler sans discontinuité une longue bande de territoire le long de la frontière turque.

«Bien qu'inférieurs en nombre et en armement, les combattants kurdes refusent de se retirer», a ajouté l'OSDH. «C'est pour eux une question de vie ou de mort».

Les YPG ont reçu le soutien d'avions de la coalition conduite par les États-Unis. Des avions de chasse et des drones américains ont mené trois frappes contre des positions djihadistes près de Kobané.

Au moins neuf djihadistes et neuf combattants kurdes ont été tués dans les frappes et combats, a précisé l'OSDH, faisant par ailleurs état de l'exécution par l'EI de 10 personnes aux environs de la ville.

Malgré ces raids, les djihadistes ont continué à tirer sur Kobané où se trouvent encore des milliers de civils, selon l'OSDH, après la fuite en Turquie de plus de 160 000 habitants de la région.

«Les raids ne suffisent pas» 

«L'EI a bombardé intensément Kobané au mortier aujourd'hui (mercredi). J'ai jamais rien vu de tel», affirme Aliye Kahraman, une habitante de 70 ans ayant fui sa ville, au poste-frontière turc de Mursitpinar.

«La situation empire. Nous emmenons les femmes en Turquie et nous retournons combattre», témoigne un autre habitant, Husni Akca. «J'ai cinq garçons qui participent à la guerre à Kobané».

Après avoir renforcé son dispositif à la frontière, le gouvernement turc a déposé au Parlement, qui doit en débattre jeudi, une motion autorisant l'intervention de son armée en Irak et en Syrie aux côtés de la coalition, à laquelle participent à différents degrés une cinquantaine de pays.

«Les tonnes de bombes qui seront larguées par les airs ne constituent qu'une solution temporaire», a néanmoins prévenu le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Ailleurs en Syrie, 41 enfants et sept autres personnes ont péri dans un double attentat à la bombe contre leur école dans le quartier loyaliste d'Akrama à Homs, selon l'OSDH.

L'attentat n'a pas été revendiqué mais son modus operandi rappelle ceux de l'EI ou du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.

Frappes en Irak 

Après le début le 23 septembre des raids en Syrie, menés en collaboration avec cinq pays arabes, les États-Unis ont appelé à la «patience».

Les djihadistes ne se déplacent désormais plus en larges groupes à ciel ouvert, mais se «dispersent» pour éviter les frappes selon le Pentagone, qui a reconnu que l'EI avait réussi à prendre de nouveaux territoires.

En Irak, les forces kurdes, appuyées par les raids américains, ont repris à l'EI la localité de Rabia à la frontière syrienne et y assiégeaient mercredi une clinique où des djihadistes étaient retranchés.

Des frappes américaines ont en outre visé un camp de l'EI au nord de Bagdad et des positions près du barrage de Haditha (ouest). Des Tornado britanniques ont mené de nouveaux raids à l'ouest de Bagdad.

Dans le cadre du renforcement de son dispositif militaire pour l'Irak, la France a décidé d'envoyer trois avions de chasse Rafale supplémentaires sur sa base aux Emirats arabes unis et de déployer une frégate anti-aérienne dans le Golfe.

Accusé de crimes contre l'Humanité, l'EI qui compte des dizaines de milliers de combattants dont de nombreux étrangers y compris occidentaux, est responsable de multiples exactions -viols, rapts, exécutions, crucifixions- dans le «califat» proclamé sur les régions sous son contrôle.

Les pays occidentaux craignent de voir ces djihadistes, une fois aguerris, revenir sur leur territoire organiser des attentats, alors que l'EI et Al-Qaïda ont menacé les pays de la coalition de représailles.