Les États-Unis se sont félicités lundi de la destruction en Méditerranée des éléments déclarés qui permettaient au régime Assad de fabriquer des gaz sarin et moutarde, mais Barack Obama a prévenu qu'il resterait attentif au respect par Damas de ses engagements en la matière.

«Les armes chimiques les plus mortelles possédées par le régime syrien ont été détruites par des professionnels civils et militaires en utilisant un mécanisme américain unique en son genre», s'est félicité le président Barack Obama dans un communiqué.

Sollicité par l'AFP, un responsable du Pentagone a confirmé qu'il s'agissait des éléments chimiques qui entraient dans la composition des gaz sarin et moutarde, qui peuvent être utilisés dans des attaques à l'arme chimique.

Au total, 581 tonnes de «précurseurs chimiques» pour le sarin et 19,8 tonnes d'agents destinés au moutarde ont été détruits.

Ils ont été neutralisés à bord du Cape Ray, un cargo roulier américain qui croise en Méditerranée, dans les eaux internationales, qui avait été spécialement aménagé pour l'occasion.

L'opération est supervisée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

Lors d'une conversation téléphonique avec le capitaine du navire, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a, lui, salué «une contribution à la sécurité de la planète».

Mais, a prévenu M. Obama, les États-Unis «s'assureront que la Syrie tiendra son engagement de détruire ses installations restantes, destinées à produire des armes chimiques», en référence à la décision de l'OIAC que 12 anciennes usines de production d'armes chimiques en Syrie seraient détruites.

«Divergences et omissions» 

Le président américain s'est aussi inquiété des «divergences et des omissions quant aux déclarations faites par la Syrie à l'OIAC et les informations selon lesquelles (des armes chimiques) sont toujours utilisées» par le régime syrien, aux prises avec une rébellion armée depuis près de trois ans et demi.

L'OIAC enquête en effet sur des accusations d'attaques au chlore en Syrie. Paris et Washington ont accusé Damas d'avoir utilisé ce produit toxique contre l'opposition tandis que le régime a accusé les rebelles.

Les dernières armes chimiques que Damas disait avoir en sa possession avaient quitté la Syrie fin juin avec des mois de retard sur le programme entériné par le communauté internationale.

Les produits chimiques les plus dangereux avaient été emmenés sur le Cape Ray.

Leur destruction par hydrolyse avait commencé début juillet.

Ce processus a permis de détruire les agents chimiques à plus de 99% et d'en réduire la toxicité à des niveaux similaires à ceux habituels dans l'industrie.

Les agents chimiques traités à bord du Cape Ray vont être confiés à des sociétés de traitement spécialisées dans les déchets industriels, tout comme d'autres agents chimiques syriens traités à terre dans des bâtiments spécialisés en Grande-Bretagne, en Finlande et aux États-Unis.

La Syrie a évacué un total de 1300 tonnes d'agents chimiques.

Le transfert de ces armes, et leur destruction, sont le fruit de l'adhésion de la Syrie à la convention sur l'interdiction des armes chimiques en octobre 2013 dans le cadre d'un accord russo-américain ayant permis d'éviter une intervention militaire américaine après que Damas eût été accusé d'avoir utilisé du gaz sarin dans une attaque ayant fait 1400 morts l'été dernier.