La capitale syrienne, longtemps relativement épargnée, est désormais la cible quotidienne d'obus et roquettes tirés par les rebelles, qui entendent ainsi contraindre le régime à alléger la pression sur les zones sous leur contrôle près de Damas.

«Il s'agit d'une réponse aux raids aériens du régime sur les régions rebelles autour de Damas», analyse Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ajoutant que les bombardements rebelles «ont fait ces derniers jours au total 21 morts».

Tirés depuis la Ghouta orientale, une région arboricole à l'est de Damas devenue fief des insurgés que le régime tente sans succès de déloger, les obus visent plusieurs quartiers, dont celui - aisé - de Malki où se trouve le palais présidentiel.

«Après une longue période d'accalmie, les tirs d'obus ont recommencé samedi après l'Aïd (le 2 août)», explique Abou Hicham, qui possède un magasin de prêt-à-porter à Salhié, le coeur commerçant de la ville. «Hier et avant-hier (mardi et mercredi), les bruits étaient nouveaux et terrifiants. On entendait le sifflement de l'obus puis l'explosion».

Selon lui, «les opposants au régime frappent (Damas) notamment à partir de Jobar (est)», tenus par les rebelles, mais dont les abords sont aux mains de l'armée.

Escalade des bombardements

Le chef rebelle Abdel Rahmane al-Chami assure que les tirs d'obus sont «une réponse à l'escalade des bombardements» du régime contre les fiefs de l'opposition.

«Les rebelles essaient de viser des objectifs militaires à Damas», ajoute ce dirigeant de Jaysh al-Islam, parlant à l'AFP depuis Douma, ville au nord-est de la capitale tenue par l'opposition et régulièrement bombardée par les avions militaires.

Le régime a aussi intensifié ses bombardements sur Kafar Batna (est de Damas) et Mleiha, assure-t-il, évoquant «le massacre d'enfants à Douma au troisième jour de la fête» musulmane du Fitr, fin juillet.

Dimanche encore, l'aviation du régime a mené des raids sur la Ghouta orientale, à Kafar Batna et à Douma, tuant au moins 64 personnes, dont 11 enfants, sur un marché, selon l'OSDH.

En réponse, deux organisations rebelles, Jaych al-Islam (l'armée de l'Islam) et Ajnad al-Chami (soldats de Damas) bombardent la capitale avec des obus de 107 mm et 120 mm, affirme Abdel Rahmane al-Chami.

Le palais présidentiel à Malki dans le coeur de Damas a notamment été visé par les Ajnad al-Cham, selon lui, ainsi que des «positions militaires». Et «cela continuera aussi longtemps que les bombardements se poursuivront contre les zones» rebelles, assure-t-il.

Dans des déclarations publiées sur Facebook, un dirigeant des Ajnad al-Cham a affirmé que son groupe rebelle bombarderait «les fiefs du régime au coeur de Damas à chaque fois que les civils encerclés seront visés dans la Ghouta orientale».

Dans d'autres déclarations au site d'information all4Syria, il a détaillé trois objectifs visés ces derniers jours: le Palais présidentiel à Malki, les bâtiments de la sécurité et militaires à Kafar Soussé et à Mazzé 86, dans l'ouest.

«Nous avons demandé dans un communiqué aux civils de s'éloigner», a-t-il affirmé.

Obus sur les Abbassides

Mais dans la nuit de mardi, au moins 16 personnes, dont deux enfants, ont été tuées et 79 autres ont été blessées dans des bombardements menés par des rebelles sur plusieurs quartiers de Damas, selon l'OSDH.

Un habitant du quartier de Qaboun, proche de la ligne de front de Jobar, affirme que «les Ajnad al-Cham possèdent maintenant des roquettes katioucha». Mardi, cet habitant qui veut rester anonyme, avait entendu une roquette partir de Jobar et son ami, au téléphone, l'avait entendu tomber à Malki.

Jeudi, les bombardements du régime sur les fiefs rebelles autour de Damas ont repris.  Les rebelles ont répondu en tirant des obus de mortier vers la place des Abbassides, proche de Jobar, ont indiqué l'agence officielle Sana et les rebelles.

«Les terroristes assiégés assouvissent leur haine en frappant les quartiers résidentiels», a commenté une source de sécurité à l'AFP, affirmant par ailleurs que l'étau se resserrait sur les rebelles à Jobar et Mleiha.

En plus de trois ans, au moins 170 000 personnes ont été tuées dans la guerre en Syrie déclenchée à la suite de la répression sanglante de manifestations pacifiques en mars 2011 contre le régime.