Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a confirmé jeudi la nomination du diplomate italo-suédois Staffan de Mistura pour succéder à l'Algérien Lakhdar Brahimi comme médiateur de l'ONU dans le conflit syrien.

M. de Mistura sera secondé dans cette tâche par un adjoint, l'ancien vice-ministre égyptien des Affaires étrangères Ramzy Ezzedine Ramzy, a précisé M. Ban à la presse.

Staffan de Mistura sera «envoyé spécial» de l'ONU pour la Syrie, et non plus de l'ONU et de la Ligue arabe comme l'était Lakhdar Brahimi. M. Ban a précisé que M. Ramzy avait été «recommandé par la Ligue arabe mais nommé par moi-même».

Le nouveau médiateur, a expliqué M. Ban, devra «prendre contact avec tous les interlocuteurs concernés afin de mettre fin à la violence et aux violations des droits de l'homme et de faciliter une solution politique d'inspiration syrienne et sans exclusive».

M. Ban a souligné qu'il avait «mené de larges consultations», y compris avec les autorités syriennes, avant de nommer Staffan de Mistura à ce poste particulièrement difficile.

Il a invité les autorités syriennes et les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU à «l'aider à réussir dans cette mission».

Le Conseil est paralysé depuis le début de la crise syrienne en mars 2011 par l'antagonisme entre les Occidentaux, qui souhaitent un changement de régime à Damas, et la Russie. Celle-ci défend son allié syrien et a mis son veto à toutes les tentatives de pression sur le président Bachar al-Assad.

La nomination a été accueillie favorablement par Washington, Londres et la coalition de l'opposition syrienne. Son représentant aux États-Unis Najib Ghadbian a promis de «collaborer étroitement avec M. de Mistura et son équipe pour réaliser notre objectif commun: une transition politique vers la démocratie».

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a souligné que cette nomination «arrive à un moment où le besoin d'un règlement politique en Syrie n'a jamais été aussi urgent».

L'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power a salué «l'expérience diplomatique considérable» du nouveau médiateur mais aussi «les défis auxquels il devra faire face».

Cette nomination avait été communiquée mercredi aux pays membres du Conseil de sécurité.

Staffan de Mistura, 67 ans, a la double nationalité italienne et suédoise. Ancien vice-ministre italien des Affaires étrangères, habitué des zones de conflit, il a occupé de nombreuses fonctions aux Nations unies.

Lakhdar Brahimi avait démissionné en mai, après deux ans d'efforts infructueux pour mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 160.000 morts. Il avait organisé en janvier et février à Genève les premières négociations directes entre le gouvernement syrien et l'opposition, qui avaient échoué.

Son prédécesseur, l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, avait jeté l'éponge au bout de six mois à peine, en 2012.

MM. Brahimi et Annan avaient comme adjoint Nasser al-Kidwa, nommé par la Ligue arabe et chargé plus particulièrement des contacts avec l'opposition syrienne. Il avait quitté son poste en février 2014.

Le nouveau médiateur devra tenter de relancer un processus politique qui est dans l'impasse depuis l'échec des négociations de Genève en février et la réélection de Bachar al-Assad le 3 juin.

Le régime syrien a aussi enregistré plusieurs succès militaires contre les groupes armés d'opposition, ce qui ne devrait pas l'inciter au compromis, et le conflit a débordé sur l'Irak, où les jihadistes de l'État islamique ont mené une offensive éclair.

Enfin, la situation humanitaire s'est aussi aggravée avec 10,8 millions de Syriens qui ont besoin d'aide et 2,9 millions de réfugiés dans les pays voisins.