Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé vendredi au Conseil de sécurité d'imposer un embargo sur les armes à destination de la Syrie, dans un discours où il a détaillé un plan en six points pour régler le conflit.

Dans ce long discours devant la Asia Society à New York, il a aussi demandé à toutes les communautés en Irak --chiite, sunnite et kurde-- de «travailler ensemble désormais» pour contrer l'avancée des insurgés de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Il invite le gouvernement irakien à empêcher des représailles contre les sunnites et à partager le pouvoir.

En Syrie, «je demande instamment au Conseil de sécurité d'imposer un embargo sur les armes», a déclaré M. Ban, jugeant «irresponsable que des puissances et des groupes étrangers continuent de soutenir militairement» les belligérants.

«Si les divisions au sein du Conseil continuent d'empêcher une telle mesure, j'exhorte les pays à le faire individuellement», a-t-il ajouté. «Les voisins de la Syrie devraient interdire fermement l'utilisation de leurs frontières et de leur espace aérien pour acheminer des armes vers la Syrie».

La Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil, et l'Iran sont les principaux pourvoyeurs d'armes au régime syrien, tandis que des pays du Golfe arment les opposants à Bachar Al-Assad.

Interrogé sur ce point, l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a jugé l'idée irréaliste en se référant à la Libye pendant l'insurrection contre le régime de Mouammar Kadhafi. «En Libye, il y avait un embargo sur les armes, mais les armes affluaient librement vers divers groupes d'opposition et elles inondent encore toute l'Afrique», a-t-il expliqué. «Nous ne voulons pas aller dans cette direction».

Selon M. Ban, il faut aussi que les responsables d'exactions en Syrie dans les deux camps soient sanctionnés. Le 22 mai, une résolution occidentale prévoyant une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) avait été bloquée au Conseil par des veto russe et chinois.

M. Ban met Moscou et Pékin au défi de «proposer des alternatives crédibles» afin d'assurer «le droit fondamental à la justice du peuple syrien».

Parmi les propositions de M. Ban figure aussi «un accès humanitaire libre et immédiat, à travers les lignes de front et les frontières» extérieures de la Syrie. Le Conseil avait adopté en avril une résolution en ce sens, mais elle n'a jamais été appliquée et les négociations sur un nouveau texte piétinent.

M. Ban constate que la réélection début juin de Bachar Al-Assad «a porté un coup supplémentaire au processus politique» et estime que le scrutin n'est pas crédible.

Il annonce qu'il «nommera bientôt un nouvel envoyé spécial» pour succéder à Lakhdar Brahimi, mais avertit que celui-ci «n'aura pas de baguette magique».

«Ces six éléments peuvent montrer le chemin à suivre, à condition qu'ils aient le soutien ferme des belligérants et de ceux qui ont une influence sur eux», conclut le secrétaire général, en sollicitant notamment l'Arabie saoudite et l'Iran, dont il «salue les récents contacts».

Évoquant la situation en Irak, il souligne la nécessité «de supprimer tout financement et autre soutien» à l'EIIL. Il invite aussi «le gouvernement (irakien) et ses soutiens à s'assurer qu'il n'y ait pas de représailles contre les communautés sunnites en réponse aux actes barbares commis par l'EIIL».

«Des frappes militaires contre l'EIIL risquent d'avoir peu d'effet durable ou d'être contre-productives s'il n'y a pas de mouvement vers un gouvernement inclusif en Irak», ajoute-t-il.

«L'EIIL est une menace pour toutes les communautés, elles doivent toutes travailler ensemble désormais», explique M. Ban.