Ils débarquent au pays avec leurs valises, leurs histoires d'horreur et leur vie à refaire. Les réfugiés de la crise syrienne arrivent de plus en plus nombreux au Canada, et particulièrement au Québec. Mais avec la guerre civile qui s'enlise au pays de Bachar al-Assad, l'ONU presse la communauté internationale de faire encore plus. Et Ottawa n'a pas encore répondu à l'appel.

Lorsque le vent du Printemps arabe a soufflé en Syrie, Mohamad Dandachi n'a pas hésité. Gonflé par l'espoir du changement, l'étudiant en architecture est descendu dans la rue pour revendiquer des réformes démocratiques de la part du gouvernement de Bachar al-Assad.

Mal lui en prit. Quelques jours plus tard, il revenait de l'université lorsque des policiers l'ont arrêté à un poste de contrôle. Il s'est retrouvé entassé avec 50 autres détenus dans une cellule de prison, les yeux bandés et les mains menottées. Il dit avoir été attaché à un mur, puis battu par des gens qu'il ne pouvait voir. Au bout de 30 jours, il a pu passer un appel à sa famille, qui le croyait mort. Il n'a été libéré qu'après 40 jours.

«Le pire, c'est que c'est un de mes amis qui m'a dénoncé aux autorités», laisse-t-il tomber.

Un ami qu'il ne reverra vraisemblablement jamais. Depuis 17 jours, Mohamad Dandachi habite un appartement de Laval, loin de sa ville natale de Homs. Malgré les rhumatismes qui l'affligent encore, séquelles du froid et des mauvais traitements subis en prison, il profite à fond de sa nouvelle vie. L'homme de 23 ans s'est baladé à Montréal, où il a entre autres goûté à l'ambiance des festivals.

2,8 millions de déplacés

«C'est beau, ici, dit-il. Tout est propre, en ordre... Je veux rester. Je veux poursuivre mes études en architecture à McGill ou Concordia.»

Quelque 2,8 millions de Syriens ont jusqu'ici été chassés de leur logis par la guerre. Parmi eux, Mohamad Dandachi, ses parents et ses deux frères - qui ont rencontré plusieurs médias hier à Montréal - sont conscients d'avoir tiré le numéro chanceux.

Après avoir trouvé refuge pendant deux ans chez des cousins au Liban, ils ont été identifiés comme des réfugiés devant être réinstallés dans un autre pays par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Le Canada, qui s'est engagé l'an dernier à parrainer 200 de ces réfugiés d'ici la fin de 2014, a sélectionné la famille en janvier dernier. Le temps d'organiser le voyage et Jassem, Souhad, Mohamad, Jawad et Hamza débarquaient à Laval il y a un peu moins de trois semaines.

«Nous sommes très, très, très heureux, a lancé hier Jassem Dandachi, le père de Mohamad. Nous tenons à remercier le Canada. Nous n'oublierons jamais le jour où nous sommes arrivés ici.»

Cette chance de refaire leur vie au Canada, des centaines de milliers de réfugiés syriens au Liban, en Jordanie, en Égypte et ailleurs rêvent d'en profiter.

Pour l'instant, Ottawa n'a pas encore indiqué de quelle façon il répondra à l'appel de l'ONU, qui a demandé à la communauté internationale d'accueillir davantage de réfugiés syriens. Et le gouvernement canadien refuse de dévoiler le nombre exact de gens qui, comme les Dandachi, sont arrivés au pays par le programme de parrainage de réfugiés.