Un commandant des Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime iranien, a été tué en Syrie, ont rapporté des médias iraniens, alors que Téhéran dément que ses hommes combattent les rebelles aux côtés des forces du président Bachar al-Assad.

Des informations de sites proches de conservateurs ont fait état cette semaine de la mort d'Abdollah Eskandari, tué en «défendant» un lieu saint chiite, mais ni les Gardiens de la révolution ni le ministère des Affaires étrangères ne les ont commentées.

Cependant, l'agence Fars, considérée comme étant proche des Gardiens de la Révolution, a annoncé samedi que les funérailles d'Abdollah Eskandari se tiendraient dimanche dans la ville de Chiraz, au sud de Téhéran.

Eskandari était un commandant des forces terrestres des Gardiens de la révolution et dirigeait également une association publique de bienfaisance chargée d'aider les anciens combattants et les familles des soldats tués au combat.

Ni les circonstances de sa mort ni des détails sur son rôle dans la guerre en Syrie n'ont été révélés.

Depuis le début de la révolte contre Bachar al-Assad, en mars 2011, qui s'est transformée en guerre civile après la répression sanglante menée par le régime, l'Iran a aidé Damas en lui fournissant des renseignements, du matériel et des conseillers militaires.

L'Iran dément cependant catégoriquement avoir envoyé des troupes de combat en Syrie, rejetant les accusations des nombreux rebelles, en majorité sunnites.

Malgré ces démentis, des médias iraniens font état de temps à autre de la mort d'Iraniens s'étant portés volontaires pour aller combattre en Syrie.

Parmi eux, figure Mohammad Jamali Paqale, un commandant des Gardiens de la révolution, qui a été tué en novembre alors qu'il défendait le mausolée chiite de Sayyeda Zeinab, à Damas.

L'Iran soutient M. Assad pour l'élection présidentielle du 3 juin qu'il est assuré de remporter.

«Cette élection renforcera la légitimité du gouvernement de Bachar al-Assad, son peuple ayant réalisé qu'il avait évité à la Syrie la désintégration ou l'occupation», a affirmé vendredi Ali Akbar Velayati, le conseiller en politique étrangère du guide suprême d'Iran Ali Khamenei.

L'opposition syrienne et ses alliés ont qualifié de «farce» ce scrutin, qui se tiendra uniquement dans les zones tenues par le régime en Syrie et selon une loi excluant de facto toute candidature dissidente.

Syrie: 20 soldats et supplétifs tués par l'explosion d'un tunnel à Alep

Des rebelles ont tué samedi au moins 20 soldats syriens et supplétifs en faisant exploser un tunnel creusé sous une position de l'armée à Alep (nord), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Les brigades islamistes ont fait sauter le tunnel près du souk Zahraoui, dans le vieil Alep, tuant au moins 20 membres des forces gouvernementales et miliciens pro-régime», a expliqué l'OSDH.

Au moins un rebelle a ensuite trouvé la mort dans des combats qui s'en sont suivis entre les deux camps.

Le Front islamique, la principale coalition rebelle, a posté une vidéo sur son compte Twitter où l'on entend des tirs nourris et une forte explosion, qui projette des débris sur des dizaines de mètres.

Ces dernières semaines, des rebelles ont fait exploser plusieurs tunnels bourrés d'explosifs, qu'ils creusent pour aboutir sous une position tenue par l'armée. Ces tunnels servent également à se déplacer en évitant l'aviation du régime.

Le Front islamique a revendiqué la plupart de ces attaques, dont l'attentat le 8 mai contre le célèbre hôtel Carlton à Alep, qui avait fait 14 morts parmi les soldats et les miliciens pro-régime.

Deuxième ville de Syrie, Alep est entrée dans l'engrenage de la guerre avec une offensive rebelle en juillet 2012. Elle est désormais divisée entre quartiers rebelles et loyalistes.

Dans la ville et une partie de la province éponyme, les quartiers rebelles sont la cible depuis le début de l'année de raids quasi-quotidiens d'hélicoptères du régime larguant des barils d'explosifs qui ont fait quelque 2.000 morts, selon l'OSDH.

Samedi, de nouveaux raids aériens avec des barils d'explosifs ont frappé le secteur de Beni Zeid à Alep, selon la «Commission générale de la révolution syrienne», un groupe formé de militants anti-régime.

Les rebelles ont pour leur part tiré des obus de mortier sur un quartier tenu par l'armée, faisant quatre morts et 17 blessés, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales et militaires.

Dans le même temps, un militant a annoncé que le Croissant rouge et la Croix-Rouge internationale avaient pu faire parvenir 14 camions chargés de nourriture dans la province de Raqa (nord), en majorité tenue par les insurgés radicaux de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Depuis mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 162 000 morts, selon l'OSDH, et poussé selon l'ONU quelque 9 millions de personnes à fuir leur foyer.

Liban: les Syriens qui rentreront chez eux perdront leur statut de réfugiés

Les réfugiés syriens au Liban perdront leur statut s'ils retournent dans leur pays d'origine, a annoncé samedi le ministère libanais de l'Intérieur, après que des Syriens ont voté en masse à Beyrouth pour réélire Bachar al-Assad.

La décision fait suite au vote anticipé de mercredi pour l'élection présidentielle syrienne, que M. Assad est assuré de remporter, et qui a vu des milliers de Syriens se presser dans leur ambassade à Beyrouth.

Après ce scrutin, la coalition du 14-Mars, opposé au régime de Damas, a proposé de renvoyer les réfugiés syriens ayant voté pour cette élection qualifiée de «farce» par l'opposition anti-Assad et ses soutiens, estimant que leur vie n'était pas menacée en Syrie.

Le ministère de l'Intérieur a demandé samedi «aux Syriens déplacés enregistrés auprès du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de ne pas se rendre en Syrie à compter du 1er juin 2014», sous peine de perdre leur statut de réfugiés au Liban.

Cette décision vise à éviter «les frictions» entre les réfugiés syriens et les citoyens libanais, a précisé le communiqué du ministère, publié par l'agence de presse officielle NNA.

Le statut de réfugié est accordé par le HCR, mais le Liban n'a pas signé la Convention de 1951 relative à ce statut et considère les Syriens ayant fui les violences dans leur pays comme des «déplacés».

Le communiqué ministériel ne précise pas si la décision a été prise après consultation avec le HCR.

Petit pays de quatre millions d'habitants, le Liban est lourdement affecté par l'arrivée massive de Syriens ayant fui leur pays ravagé par trois ans de conflit. Ils sont plus d'un million selon l'ONU, et beaucoup plus selon les autorités libanaises.

Le ministre des Affaires étrangères, Gebrane Bassil, a évoqué jeudi un risque d'«effondrement» du pays et a annoncé des mesures visant à «mettre fin à la vague migratoire syrienne vers le Liban».

La plupart des réfugiés syriens au Liban survivent dans des camps officieux, principalement dans les régions frontalières du nord et de l'est du pays.