Le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a condamné lundi la généralisation de la torture dans les prisons syriennes, déplorant aussi son usage par certains groupes armés.

Dans un document de 8 pages, le Haut-Commissariat, qui a interrogé 38 personnes ayant souffert de torture, fait état de témoignages anonymes terrifiants.

Le rapport de l'ONU décrit une «généralisation de la torture et des mauvais traitements dans les centres du gouvernement».

Selon le rapport, plusieurs groupes armés, «en particulier l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), le front Al-Nosra, Ahrar al-Sham, Asifat al-Shamal et Liwa al-Tawhid, disposent de centres de détentions» où des hommes, femmes et enfants sont torturés, notamment depuis 2013.

«Nos résultats confirment que la torture est couramment utilisée dans les centres de détention gouvernementaux en Syrie, et que la torture est également utilisée par certains groupes armés», affirme Mme Pillay.

Selon le rapport, «des hommes, des femmes et des enfants sont couramment enlevés dans les rues, dans leurs maisons et sur leurs lieux de travail, ou sont arrêtés à des postes de contrôle du gouvernement, puis transférés dans un des dizaines de centres de détention officiels ou secrets du gouvernement».

Ces personnes sont souvent détenues au secret, de façon indéfinie et sont parfois transférées d'un centre à un autre, condamne l'ONU qui précise que parmi les centres de détention figurent des casernes de l'armée et des aéroports.

Plusieurs des cas décrits par le rapport parlent de détenus immobilisés ou suspendus au mur, les yeux bandés, et qui sont ensuite frappés, brûlés, électrocutés et torturés avec différents objets.

«Alors que j'étais soumis à la suspension inversée, j'ai crié si fort qu'un garde est venu et a frappé mon estomac et ailleurs pour, m'a-t-il dit, me distraire de la douleur aux bras», raconte AZ, un activiste de 28 ans de Damas, détenus en 2011 et 2013 par le Service de renseignement de l'armée de l'air à Kafr Sousa dans la région de Damas.

Le Haut-Commissariat a également documenté des cas de violences sexuelles à l'encontre d'hommes et de femmes.

Le plus souvent, la torture est utilisée «immédiatement après l'arrestation et durant les premiers jours ou semaines de la détention et des interrogatoires».

Selon l'ONU, la torture constitue un crime contre l'humanité lorsqu'elle est utilisée de façon généralisée.