Les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont tenu mardi une nouvelle réunion pour tenter de mettre au point une résolution sur la situation humanitaire en Syrie, mais Occidentaux et Russes divergent toujours sur plusieurs points.

«Les négociations continuent», a indiqué l'ambassadeur jordanien, le prince Zeid al-Hussein, qui a exprimé l'espoir de parvenir à un vote avant la fin de la semaine. «Il y a un sentiment d'urgence (..) donc nous essayons», a-t-il ajouté.

Interrogée sur cette échéance de fin de semaine pour un vote, l'ambassadrice lituanienne Raimunda Murmokaité, qui préside le Conseil en février, a pour sa part estimé que c'était «trop tôt». Son homologue russe Vitali Tchourkine a refusé de fixer un délai, jugeant que «ce ne serait pas productif».

Selon des diplomates, les discussions achoppent notamment sur l'éventualité de sanctions contre ceux qui bloqueraient l'aide humanitaire. La Russie ne veut pas entendre parler d'une telle menace contre son allié syrien alors que les Occidentaux estiment que la résolution doit contenir un élément contraignant pour avoir du poids.

«Le sentiment général est qu'un accord est possible mais il faut que le texte soit substantiel pour avoir un vrai impact sur le terrain», a expliqué l'ambassadeur français Gérard Araud. Il a souligné qu'il existait «trois ou quatre points» de divergence mais que «tout est négociable».

«Un des éléments essentiels pour nous», a-t-il précisé, «est de permettre aux agences de l'ONU de traverser les frontières» depuis les pays voisins de la Syrie pour livrer l'aide humanitaire.

Les Occidentaux tentent depuis plusieurs semaines de convaincre la Russie de se rallier à un texte qui réclame un meilleur accès humanitaire et «la levée immédiate des sièges» de plusieurs villes syriennes. Moscou a déposé de son côté un contre-projet de résolution et les tractations tournent autour de la manière de réconcilier si possible ces deux textes.

La Russie a bloqué déjà à trois reprises depuis le début de la crise syrienne en mars 2011 des résolutions visant à faire pression sur Damas.

Négociations à Genève: Ban Ki-moon ne cède pas au découragement

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est persuadé que les négociations de Genève entre gouvernement et opposition en Syrie sont le bon moyen de régler le conflit et qu'il faut poursuivre ce processus, a indiqué mardi son porte-parole.

Malgré l'échec de la deuxième session de pourparlers, M. Ban «demeure convaincu que Genève 2 est la bonne méthode et il espère que les deux parties vont bien réfléchir et revenir rapidement» à la table des négociations, a souligné Martin Nesirky.

Le porte-parole a semblé minimiser l'impasse des pourparlers, notant qu'il s'agissait d'un «processus qui prendra du temps». M. Ban «reste déterminé à aller de l'avant, tout comme M. Brahimi», a-t-il affirmé.

Le médiateur de l'ONU, Lakhdar Brahimi, a mis fin samedi aux discussions entre l'opposition et le gouvernement syriens qui étaient dans l'impasse depuis trois semaines à Genève et n'a fixé aucune date pour une reprise.

Après le rejet de l'ordre du jour par la délégation du gouvernement syrien, M. Brahimi a choisi de renvoyer tout le monde sans date de retour pour donner à chacun un temps de réflexion.

M. Nesirky a assuré que «M. Brahimi viendra à New York à un moment ou à un autre» pour rendre compte de sa mission à Ban Ki-moon et au Conseil de sécurité de l'ONU, mais il n'a pas précisé de date ni de délai.