Une nouvelle alliance de forces rebelles en Syrie a déclaré mardi qu'elle voulait y instaurer un «État islamique», tout en assurant qu'elle protégerait les minorités et ne mettrait pas en place de système «d'oppression autoritaire».

Le Front Islamique, la plus importante alliance de l'opposition armée au régime du président Bachar al-Assad, forte de dizaines de milliers de combattants, a publié une déclaration affirmant son intention de jouer un rôle tant politique dans la société que militaire sur le champ de bataille.

Mais ses auteurs n'ont pas présenté de vision précise de la Syrie d'après-Assad, peut-être par crainte de voir des détails litigieux affaiblir l'alliance de sept principaux groupes islamiques, lancée vendredi et qui se donne pour objectif d'unifier une opposition fragmentée.

Le soulèvement syrien avait commencé par une série de manifestations pacifiques en mars 2011, mais la répression brutale engagée par le régime de Damas a débouché sur une guerre civile dans laquelle des groupes islamistes radicaux ont pris de plus en plus de poids.

Dans une section intitulée «démocraties et parlements», le Front Islamique déclare que le gouvernement représentatif «est fondé sur la notion que le peuple a le droit de faire des lois à travers ses institutions, tandis qu'en Islam c'est Dieu qui est souverain». Mais il ajoute que «cela ne veut pas dire que nous voulons un système oppressif, autoritaire», indiquant que la Syrie devrait être gouvernée par une Choura, un conseil consultatif islamique.

Alors que les jihadistes radicaux, tels que les partisans d'Al-Qaïda, rejettent carrément la démocratie, les islamistes modérés soutiennent que la démocratie et la religion sont compatibles aussi longtemps que la loi islamique est respectée.

Le Front Islamique rejette la laïcité qu'il définit comme «une séparation de la religion de la vie et de la société et sa réduction aux seuls rites, coutumes et traditions».

«Cela est en contradiction avec l'Islam», déclare-t-il.

Mais en ce qui concerne les minorités, le document dit que la Syrie «accueille une mosaïque de minorités ethniques et religieuses», ajoutant que de telles communautés étaient protégées «depuis des siècles» sous la charia (loi islamique).

Cependant, il qualifie les jihadistes étrangers venus se joindre au combat - et qui souvent représentent les courants les plus radicaux de l'Islam - de «frères venus nous aider». «Nous devons les protéger», ajoute-t-il.

Le Front Islamique, qui comprend un groupe kurde, souligne aussi qu'il rejette «tout projet de partition» de la Syrie.

En conclusion, il affirme que «le seul moyen de réaliser ses objectifs, compte tenu de la force et de l'oppression (du régime) d'Assad, ainsi que de la trahison par le monde de la juste cause du peuple syrien, est la rébellion armée».