Amnisie internationale a appelé jeudi la communauté internationale à aider la Jordanie et les autres pays accueillant des réfugiés syriens à mettre un terme aux restrictions imposées aux civils fuyant le conflit, dont des centaines sont repoussés aux frontières.

Dans un nouveau rapport intitulé «Des restrictions croissantes, des conditions difficiles: la détresse de ceux qui fuient la Syrie vers la Jordanie», l'organisation de défense des droits de l'Homme souligne les difficultés des réfugiés syriens fuyant vers les pays voisins, particulièrement la Jordanie.

Ce pays accueille plus de 550 000 réfugiés, notamment dans le camp de Zaatari, dans le nord, où vivent quelque 120 000 personnes.

«Il est inacceptable que des dizaines de personnes venues de Syrie, y compris des familles avec des enfants en bas âge, se voient refuser le droit d'entrer dans les pays voisins», a déclaré Philip Luther, directeur d'Amnisie internationale  pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, dans un communiqué.

Plus de 115 000 personnes ont été tuées en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), depuis le début en mars 2011 du soulèvement contre Bachar al-Assad, qui s'est transformé en guerre civile, poussant plus de 2 millions de personnes à fuire et se réfugier principalement dans les pays voisins: Liban, Jordanie, Turquie, Irak et Égypte.

Selon les Nations unis, le nombre total de réfugiés devrait atteindre 3,5 millions d'ici la fin de l'année.

Malgré plusieurs déclarations des autorités affirmant que les frontières étaient ouvertes pour les réfugiés, Amnesty affirme que des dizaines se voient refuser l'entrée.

«Cela inclut des Palestiniens réfugiés en Syrie, des personnes qui n'ont pas de papiers d'identité et des réfugiés irakiens installés en Syrie. Des hommes seuls et qui ne sont pas en mesure de prouver leurs liens familiaux avec des Jordaniens sont aussi repoussés à la frontière», assure le rapport.

La Jordanie a appelé à l'aide à plusieurs reprises pour faire face à l'afflux de réfugiés dans le pays, qui souffre déjà d'un manque chronique d'eau et d'électricité. Le poids des réfugiés se fait également sentir sur l'emploi, le logement et l'éducation.

Les autorités jordaniennes ont assuré à Amnesty qu'elles ne reconduiraient personne en Syrie, selon le rapport.

Mais en août 2012, quelque 200 réfugiés ont été expulsés vers la Syrie après des manifestations dénonçant les conditions de vie dans le camp de Zaatari, ajoute le rapport précisant que des dizaines d'autres personnes ont été expulsées depuis.

«L'afflux de réfugiés a placé une pression énorme sur les pays de la région. Leurs ressources sont (...) mises sous pression. Cependant, cela ne doit pas être utilisé comme une excuse pour refuser aux personnes d'entrer sur leur territoire ou pour en renvoyer d'autres de force vers la crise humanitaire et le conflit» qui font rage en Syrie, a déclaré M. Luther.

«La communauté internationale a un rôle important à jouer pour soutenir les efforts des pays de la région qui portent le fardeau des réfugiés syriens avec de faibles ressources. Une action immédiate est nécessaire pour accroître l'aide humanitaire internationale», a-t-il ajouté.