Barack Obama a réclamé mardi une résolution «ferme» du Conseil de sécurité assortie de «conséquences» sur la Syrie depuis la tribune de l'ONU, où les pays occidentaux et la Russie, alliée indéfectible de Damas, s'opposent sur un éventuel recours à la force.

Dans son discours d'ouverture de l'assemblée générale de l'ONU, le secrétaire général Ban Ki-moon a de son côté lancé un appel pour que cesse «l'effusion de sang» qui dure depuis mars 2011 et appelé à l'adoption rapide d'une résolution du Conseil de sécurité «suivie immédiatement d'une action humanitaire».

Pour le président américain, la résolution doit être «ferme» et permettre de «vérifier que le régime (du président syrien Bachar al-) Assad tient ses engagements» de démanteler son arsenal chimique. Des armes chimiques sont à l'origine, selon M. Obama, d'une attaque qui a coûté la vie à près de 1.500 personnes le 21 août dans la banlieue de Damas.

«C'est une insulte à la raison humaine et à la légitimité de cette institution (l'ONU) de suggérer que quiconque, autre que le régime, a mené cette attaque», a-t-il insisté.

Devant 130 chefs d'État et de gouvernement, et des ministres, dont le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, Barack Obama a agité la menace de «conséquences» dans le cas où Damas ne tiendrait pas ses engagements.

Le chef d'État américain a également promis 340 millions de dollars d'aide supplémentaire, regrettant que la communauté internationale n'ait pas été à la «hauteur» dans le conflit.

Un peu plus tard, depuis la même tribune, le président français François Hollande a lancé un appel similaire au Conseil de sécurité, l'exhortant à adopter une résolution prévoyant «des mesures coercitives, c'est-à-dire sous Chapitre VII, qui ouvriraient la voie à une éventuelle action armée contre le régime en cas de manquement à ses obligations».

C'est précisément sur le fond de la résolution qu'Occidentaux et Russes butent depuis une semaine.

Moscou s'oppose à ce que la résolution soit adoptée sous le chapitre VII de la charte de l'ONU, qui autorise le recours à la force.

Le vice ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a réitéré mardi devant la Douma (chambre basse) que pour Moscou il n'est «pas question d'adopter une résolution au Conseil de sécurité sous chapitre VII, ni d'application automatique de sanctions ou encore moins de recours à la force».

Pour autant, M. Riabkov a admis la «mention» dans la résolution du chapitre en question, ouvrant ainsi l'espoir d'un compromis dans l'actuel bras de fer.

«Le chapitre VII ne peut être mentionné que comme un élément de l'éventail de mesures, si sont détectés (...) des faits comme le refus de coopération, la non-application des engagements, ou si quelqu'un, peu importe qui, a recours à l'arme chimique», a-t-il rappelé.

La résolution débattue doit être adoptée au Conseil de sécurité, pour faire suite à l'adoption à Genève le 14 septembre d'un plan de démantèlement de l'arsenal chimique syrien.

Ne pas «préjuger de l'avenir»

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait estimé possible lundi l'adoption d'une résolution cette semaine, à condition que le texte «prévoie que des mesures sous chapitre VII puissent être prises».

M. Riabkov a émis l'espoir mardi qu'un accord puisse être obtenu cette semaine, mais a accusé les Occidentaux, États-Unis en tête, de poursuivre d'autres buts que la mise en oeuvre de l'accord de Genève.

«S'ils essaient dans cette résolution d'inscrire des formules qui préjugent de l'avenir et imposent des scénarios, nous ne pouvons l'accepter», a déclaré le diplomate russe.

De source diplomatique occidentale, on a suggéré que le compromis avec les Russes pouvait bien consister à adopter une résolution faisant mention du chapitre VII de la charte de l'ONU, mais qui ne serait pas adoptée «sous» chapitre VII et ne comprendrait donc pas d'automatisme.

Par ailleurs, le vice-ministre russe a affirmé que les inspecteurs de l'ONU sur les armes chimiques allaient revenir en Syrie mercredi.

La Russie n'a cessé de réclamer que la mission d'inspecteurs, dont elle avait jugé partial le rapport sur l'attaque chimique du 21 août, revienne en Syrie pour enquêter sur d'autres attaques présumées à l'arme chimique, dont elle accuse les rebelles.

Les conclusions des inspecteurs sur l'attaque du 21 août avaient été considérées par les Occidentaux comme la preuve de la responsabilité du régime, et avaient fait peser la menace de frappes aériennes, suspendues in extremis par l'initiative russe.

Une délégation de l'opposition syrienne, emmenée par un de ses chefs, Ahmad Jarba, a regretté mardi à New York lors d'une rencontre avec le secrétaire d'État américain John Kerry la suspension de ces frappes aériennes et plaidé pour un soutien renforcé des États-Unis à leur combat. Les forces rebelles combattent désormais sur deux fronts en Syrie, à la fois contre le régime de Damas et contre les groupes les plus extrémistes, dont certains sont liés à Al-Qaïda, a reconnu de son côté un responsable du Département d'État, à l'issue de cette rencontre.

Certains de ces groupes islamistes extrémistes ont indiqué mardi soir dans un communiqué commun qu'ils ne reconnaissaient pas la Coalition nationale syrienne comme leur représentant et appelé à l'unité des combattants sous le drapeau de l'islam et de la chariah, la loi islamique.