Le président russe Vladimir Poutine a estimé mardi que les États-Unis devaient renoncer au recours à la force en Syrie pour rendre efficace l'initiative russe de placer sous contrôle international les armes chimiques dans ce pays.

«Tout cela a un sens et pourra fonctionner si la partie américaine et tous ceux qui la soutiennent renoncent au recours à la force», a déclaré le président selon la télévision russe.

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«Il est difficile de contraindre la Syrie ou un autre pays à se désarmer de façon unilatérale s'il y a une action militaire en préparation contre ce pays», a-t-il ajouté.

«Il est de notoriété publique que la Syrie dispose d'un arsenal d'armes chimiques et les Syriens l'ont toujours considéré comme une alternative aux armes nucléaires d'Israël», a déclaré le président russe.

«La position de la Russie sur cette question est bien connue: nous sommes contre la prolifération d'armes de destruction massive, chimique ou nucléaire», a-t-il ajouté.

La Russie a provoqué un coup de théâtre lundi en annonçant avoir proposé à ses alliés syriens de placer leur stock d'armes chimiques sous contrôle international et de le détruire, une proposition acceptée par Damas mardi.

«Nous allons travailler ensemble avec les Syriens, avec nos partenaires américains», a poursuivi M. Poutine.

«J'espère que ce sera un pas en avant vers un règlement pacifique de la crise», a-t-il ajouté.

L'accueil favorable réservé par Washington à cette initiative semble éloigner la perspective de frappes contre le régime syrien accusé d'une attaque chimique.

Réunion d'urgence du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira mardi après-midi en urgence sur la question syrienne à la demande de la Russie, ont annoncé des diplomates.

Ces consultations à huis clos, à partir de 16 h, font suite à un projet français de résolution qui réclame le démantèlement de l'arsenal chimique syrien. Elles ont été demandées par la Russie, hostile à ce projet, selon ces diplomates.

Moscou juge «inacceptable» le texte français, a déclaré mardi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'un entretien téléphonique avec son homologue français Laurent Fabius.

Moscou conteste en particulier un passage du texte qui rend le gouvernement syrien responsable d'une attaque chimique le 21 août près de Damas.

La France avait commencé mardi matin à consulter de manière informelle ses 14 partenaires du Conseil. Les premières discussions avaient eu lieu entre diplomates français, américains et britanniques. Ces trois pays sont membres permanents du Conseil, de même que la Russie et la Chine.

Selon Laurent Fabius, le projet de résolution vise à mettre l'arsenal chimique syrien «sous contrôle international» afin de le démanteler. Il se place «sous chapitre 7» de la Charte de l'ONU, c'est-à-dire qu'il autorise en dernier recours l'usage de la force pour contraindre Damas à respecter les obligations mentionnées dans le texte.

Parmi ces obligations figurent l'adhésion de la Syrie à la Convention de 1993 sur l'interdiction des armes chimiques et le déferrement des responsables du massacre du 21 août devant la Cour pénale internationale (CPI).

Selon des diplomates, la Russie, fidèle allié du régime syrien, devrait aussi s'objecter à toute mention du chapitre 7 - qui autoriserait des frappes occidentales contre le régime syrien - et à la saisine de la CPI.

Selon Laurent Fabius, Moscou préfèrerait que le Conseil adopte, plutôt qu'une résolution contraignante, une «déclaration présidentielle». Celle-ci requiert l'unanimité des 15 pays membres du Conseil. Un projet de résolution peut être bloqué par l'un des cinq membres permanents du Conseil, qui tous disposent d'un droit de veto.