Bachar al-Assad a mis en garde lundi les États-Unis, enjoignant Washington à «s'attendre à tout» en cas de frappe visant son régime, n'excluant pas l'usage d'armes chimiques «si les rebelles, des terroristes (...) ou tout autre groupe en possèdent».

«Vous devez vous attendre à tout» en cas d'attaque, a lancé Bachar al-Assad lors d'un entretien télévisé diffusé par CBS. «Le gouvernement (syrien) n'est pas le seul acteur dans la région. Il y a différentes parties, différentes factions, différentes idéologies», a-t-il ajouté, n'excluant pas l'emploi d'armes chimiques «si les rebelles, ou des terroristes dans la région, ou tout autre groupe, en possèdent»: «Je ne suis pas devin, je ne peux pas vous dire ce qui va arriver».

Le président syrien a également appelé les élus américains - qui doivent se prononcer sur une résolution autorisant des frappes en Syrie - à «demander à l'administration ses preuves» sur l'attaque chimique du 21 août.

«Le monde entier est déçu par l'administration» Obama, a poursuivi Bachar al-Assad: «Nous espérions qu'elle serait différente de l'administration Bush».

«Dans cette affaire, Kerry n'a présenté aucune preuve», a estimé Assad. «Dans la zone où on dit que le gouvernement a utilisé des armes chimiques, nous n'avons que des vidéos et des allégations. Nous n'y étions pas. Nos forces, notre police ne pensent pas la même chose», a-t-il lancé: «Comment parler de quelque chose sans y avoir assisté? (...) Notre gouvernement ne parle que quand il a des preuves».

«Le Congrès (américain) va voter dans quelques jours, et je crois que le Congrès est élu par le peuple pour le représenter. Les élus devraient donc se demander: "Qu'apportent les guerres à l'Amérique?" Rien», a ajouté le président syrien: «C'est une guerre qui va contre les intérêts de l'Amérique. Pourquoi? C'est une guerre qui va aboutir à soutenir Al-Qaïda et les gens qui ont tué des Américains le 11- Septembre» lors de l'attentat contre le World Trade Center.

Le monde a désormais les yeux rivés sur le Congrès américain, où l'issue du vote sur le recours à la force apparait de plus en plus incertain.

Conscient de jouer à la fois la crédibilité des États-Unis et de sa propre présidence, Barack Obama devait lancer une offensive tous azimuts pour convaincre les élus républicains et démocrates.

Il devait enregistrer pas moins de six interviews avec des chaînes de télévision diffusables à compter de lundi soir, avant de s'adresser le lendemain aux Américains depuis le Bureau ovale.

Au Sénat, le débat sur la résolution autorisant l'usage de la force, déjà adoptée en commission, ne commencera formellement que mardi. Un premier vote important pourrait intervenir dès mercredi.

À l'heure actuelle, la résolution sur les frappes prévoit une durée limite de 60 jours, prolongeable à 90 jours, et l'interdiction de déployer des troupes de combats au sol.

À Paris, le président français François Hollande prêt à s'associer à des frappes a promis de s'adresser à son opinion, mais après le vote du Congrès et la remise du «rapport des inspecteurs» de l'ONU qui ont enquêté sur l'attaque présumée chimique du 21 août dans les faubourgs de Damas.

Pour la plupart des États de l'UE, ce rapport attendu dans les jours à venir est une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations de recours aux gaz toxiques. Pour autant, le rapport ne devrait pas établir qui est à l'origine de ces attaques.

Selon la presse américaine, le Pentagone se prépare à des frappes pendant trois jours, avec un barrage massif de tirs de missiles de croisière.

Israël a de son côté déployé ce week-end son bouclier antimissile près de Jérusalem.

IMAGE CBS

Le président syrien Bacahr al-Assad (à droite) en entrevue à CBS.