Les États-Unis recherchent toujours «une coalition internationale» en vue d'éventuelles frappes contre le régime syrien accusé d'avoir utilisé des armes chimiques, tout en laissant entendre qu'ils pourraient agir seuls après le refus de leur allié britannique d'intervenir.

Sur le terrain, les experts de l'ONU ont quitté vendredi leur hôtel pour le dernier jour de leur enquête sur l'utilisation présumée d'armes chimiques le 21 août dans la banlieue de Damas, a constaté un caméraman de l'AFP.

Les experts sont partis à bord de trois voitures de l'ONU, accompagnées par plusieurs voitures des forces syriennes, a-t-il précisé.

Selon un membre des services de sécurité, ils se rendaient à l'hôpital militaire de Mazzé, où sont soignées des victimes d'attaques chimiques présumées. 

Sur le front diplomatique

Face à la menace de veto russe et éventuellement chinois au Conseil de sécurité de l'ONU et après le vote du Parlement britannique rejetant une intervention militaire en Syrie, la Maison-Blanche a laissé entendre que le président américain Barack Obama se réservait le droit d'agir unilatéralement contre le régime syrien.

«Les États-Unis continueront à consulter le gouvernement britannique, l'un de nos alliés et amis les plus proches», mais «les décisions du président Obama seront guidées par ce qui est dans l'intérêt des États-Unis», a déclaré la porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, Caitlin Hayden.

M. Obama «pense que des intérêts cruciaux des États-Unis sont en jeu, et que les pays qui violent les règles internationales sur les armes chimiques doivent rendre des comptes», a-t-elle ajouté.

«Notre approche est de continuer pour trouver une coalition internationale qui agira de concert», a cependant assuré Chuck Hagel, secrétaire américain à la Défense, lors d'une conférence de presse vendredi à Manille.

Le chef du Pentagone a précisé que Washington respectait le vote du Parlement britannique, où 285 voix contre 272 ont rejeté jeudi soir une motion présentée par le premier ministre David Cameron sur le principe d'une intervention.

«Il est de la responsabilité de chaque pays de prendre ses propres décisions», a-t-il dit. «Nous continuons de consulter les Britanniques, comme les autres alliés. Cette consultation comprend des façons d'aller de l'avant ensemble pour répondre à cette attaque à l'arme chimique en Syrie», a précisé M. Hagel.

Jeudi soir, un responsable du Congrès américain ayant participé à une conférence téléphonique avec la Maison-Blanche sur la Syrie a indiqué que M. Obama n'avait pas encore pris de décision sur une éventuelle intervention.

M. Cameron a pour sa part clairement tiré les conséquences du vote des députés: «Il est clair que le Parlement britannique ne veut pas d'intervention militaire britannique. Je prends note et le gouvernement agira en conséquence», a-t-il déclaré.

À l'ONU, une réunion d'à peine 45 minutes entre les cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France disposant tous d'un droit de veto) s'est achevée jeudi soir sans progrès apparents.

Alliée de la Syrie, la Russie a répété vendredi son opposition à une action militaire: «La Russie est contre toute résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, prévoyant la possibilité d'user de la force», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, cité par l'agence officielle Itar-Tass.

Fort de ce soutien, le président syrien Bachar al-Assad s'était engagé jeudi à «défendre» son pays «contre toute agression» des Occidentaux, assurant que son pays était «déterminé à éradiquer le terrorisme soutenu par Israël et les pays occidentaux», assimilant une nouvelle fois la rébellion à du «terrorisme».

La France, l'autre alliée de Washington à l'ONU, a reconnu qu'une riposte militaire était «compliquée à construire».

Mais en entrevue au Monde, le 30 août, le président François Hollande a apporté son soutien à une intervention militaire menée par Washington.

La chancelière allemande Angela Merkel a quant à elle dit attendre les résultats de l'enquête de l'ONU. L'Allemagne, par l'entremise de son ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle, a quant à elle exclu une participation à une action militaire en Syrie.

Jeudi, les experts de la mission de l'ONU avaient passé près de 4 heures sur l'un des sites dans la banlieue est de Damas. Selon un porte-parole de l'ONU à New York, Farhan Haq, ils ont recueilli «quantité» d'éléments sur l'attaque.

Dépêchés par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC, qui siège à La Haye) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS, qui siège à Genève) et placés sous la direction du Suédois Aake Sellstrom, ils doivent faire un compte-rendu oral à M. Ban après depart samedi.

Les échantillons qu'ils ont recueillis seront transmis à des laboratoires en Europe, mais ces analyses pourraient prendre des semaines, selon M. Haq.

Alors que les menaces d'intervention imminente avaient propulsé les prix du pétrole à des plus hauts depuis deux ans, l'apaisement apparent ont relâché la tension sur ces marchés, et les cours du brut continuaient de décliner vendredi matin en Asie.