Le régime syrien a promis mardi de se défendre contre une intervention internationale qui semble de plus en plus probable, mettant au défi l'Occident de prouver qu'il avait eu recours à des armes chimiques.

Alors que le président Barack Obama étudie, selon la presse américaine, la possibilité d'une attaque brève et de portée limitée, le premier ministre britannique David Cameron a convoqué son Parlement pour un vote jeudi sur «la réponse du Royaume-Uni aux attaques à l'arme chimique» en Syrie.

Lors d'une conférence de presse, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a rétorqué que son pays se défendrait en cas de frappe militaire et agité l'épouvantail islamiste.

«Nous avons deux options : soit nous rendre, soit nous défendre avec les moyens dont nous disposons. La seconde alternative est la meilleure : nous nous défendrons», a-t-il affirmé.

«S'en prendre à la Syrie n'est pas une mince affaire. Nous avons des moyens de défense qui vont surprendre», a-t-il averti.

Selon lui, une intervention militaire «servira les intérêts d'Israël et en deuxième lieu, du Front al-Nosra», groupe armé combattant avec les rebelles syriens et qui a prêté allégeance à Al-Qaïda.

Mettant ceux qui veulent frapper la Syrie «au défi de montrer ce qu'ils ont comme preuves» concernant un éventuel usage d'armes chimiques par le régime, il a par ailleurs prévenu qu'une telle attaque n'affecterait pas la campagne militaire menée depuis deux ans par Damas contre les rebelles.

Selon lui, «les informations relayées par l'administration américaine sur l'utilisation d'armes chimiques sont mensongères».

«S'ils pensent que la frappe militaire qu'ils planifient va influencer l'effort de guerre» de l'armée syrienne, «je peux vous assurer que ce ne sera pas le cas».

«Ils fabulent et font croire cela à l'opinion publique. S'ils ont une preuve contre la Syrie, qu'ils la montrent à leur peuple», a jouté M. Mouallem.

«Les forces armées syriennes ne peuvent pas détruire les traces d'armes chimiques, car celles-ci se trouvent dans des régions sous contrôle des groupes armés», a ajouté le ministre en référence aux rebelles.

Il s'est dit par ailleurs sûr que la Russie, le plus puissant allié de Damas depuis le début du conflit, ne lâchera pas le régime.

«Je peux vous assurer que la Russie n'a pas abandonné la Syrie. Nos relations continueront dans tous les domaines et nous remercions la Russie pour son soutien, qui sert à la fois la défense de la Syrie et sa propre défense», a-t-il dit, ajoutant que la Russie «fait partie de notre résistance».

Ces déclarations interviennent alors que les États-Unis et leurs alliés semblent de plus en plus déterminés à lancer une frappe contre le régime syrien, accusé d'être à l'origine d'une attaque chimique près de Damas le 21 août.

«Indéniable»

Un porte-parole de M. Cameron, qui a écourté ses vacances en raison de la crise syrienne, a indiqué que le Royaume-Uni préparait «des plans militaires», tout en précisant qu'aucune décision n'avait encore été prise.

«Des armes chimiques ont été utilisées en Syrie», a déclaré lundi le secrétaire d'État John Kerry, «c'est indéniable».

Si M. Kerry n'a pas évoqué de projet de frappe, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel avait néanmoins déclaré ces derniers jours que les forces américaines étaient prêtes à agir si nécessaire.

Si Obama le décide

Chuck Hagel a déclaré que les forces armées étaient «prêtes» pour une action militaire en Syrie si le président Barack Obama donnait son aval, dans une interview mardi à la BBC.

«Nous sommes préparés. Nous avons positionné des éléments pour être capables de répondre à toute option choisie par le président», a déclaré Chuck Hagel. «Nous sommes prêts à y aller», a-t-il ajouté.

Selon la presse américaine, le président Obama réfléchirait à une frappe limitée, qui ne durerait probablement pas plus de deux jours selon le Washington Post.

Le New York Times estimait lui aussi que M. Obama donnerait probablement l'ordre d'une opération limitée, telle que des tirs de missiles de croisière depuis des bâtiments américains en Méditerranée, sans chercher à renverser le président Bachar al-Assad.

Mais, Moscou, principal allié de la Syrie, a de nouveau lancé une mise en garde, appelant la communauté internationale à la «prudence».

«Les tentatives visant à contourner le Conseil de sécurité, à créer une fois de plus des prétextes artificiels et infondés pour une intervention militaire dans la région (...) auront des conséquences catastrophiques pour les autres pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord», a averti le ministère russe des Affaires étrangères.

Autre allié de Damas, l'Iran a également prévenu de «lourdes conséquences» qu'aurait une intervention militaire étrangère.

Selon le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, les pays occidentaux décideront d'une réaction «dans les jours qui viennent».

Si l'Italie a rejeté mardi toute intervention sans approbation du Conseil de sécurité, la Turquie s'est dite en revanche prête à rejoindre une coalition, même sans consensus à l'ONU, et l'Allemagne approuverait une éventuelle «action» si l'usage d'armes chimiques était confirmé.

Un avion russe à Lattaquié



Un avion russe a atterri mardi dans la ville syrienne de Lattaquié pour délivrer une aide humanitaire et évacuer des ressortissants d'ex-URSS, a indiqué le ministère des Situations d'urgence.

«Un avion Iliouchine-76 transportant au total 20 tonnes de cargaisons a atterri aujourd'hui à l'aéroport de Lattaquié», dans l'ouest de la Syrie, a déclaré une porte-parole du ministère, Irina Rossious, citée par l'agence publique Ria-Novosti.

Il s'agit essentiellement de conserves et de sucre, a-t-elle précisé.

Ce même avion va également évacuer environ 180 ressortissants de Russie et des pays de la CEI (ex-URSS moins les pays Baltes et la Géorgie), qui ont souhaité quitter la Syrie, selon Mme Rossious.

La Russie, le principal soutien du régime de Bachar al-Assad, a rapatrié ces derniers mois des dizaines de ses ressortissants, tout en soulignant qu'il n'était pas question de rapatriement massif.