Le président des Etats-Unis Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron sont convenus samedi que la Syrie avait probablement perpétré une attaque aux armes chimiques contre son peuple et ont examiné des options militaires contre Damas.

Le président des Etats-Unis Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron sont convenus samedi que la Syrie avait probablement perpétré une attaque aux armes chimiques contre son peuple et ont examiné des options militaires contre Damas.

Les deux dirigeants des pays alliés se sont parlés au téléphone et ont exprimé «leur profonde préoccupation (...) devant des signes de plus en plus importants (indiquant) qu'une attaque significative aux armes chimiques avait été menée par le régime syrien contre son propre peuple», selon un communiqué de Downing Street.

Et «le fait que le président (syrien Bachar al) Assad n'a pas coopéré avec les Nations unies laisse penser que le régime a quelque chose à cacher», a accusé Londres, ajoutant que «l'utilisation significative d'armes chimiques mériterait une réponse sérieuse de la communauté internationale».

De son côté, le président Obama s'est fait présenter toute la journée à la Maison Blanche les possibles opérations militaires qui pourraient être déclenchées contre la Syrie.

«Le président a assisté à l'exposé détaillé qu'il avait demandé sur la palette d'options potentielles devant préparer les Etats-Unis et la communauté internationale à répondre à l'utilisation d'armes chimiques», a indiqué la présidence à l'issue d'une réunion autour de M. Obama, en présence du vice-président Joe Biden et des plus hauts responsables gouvernementaux, militaires et du renseignement du pays.

Le président américain est sous pression depuis que l'opposition syrienne a accusé le régime -- avec des photos et vidéos qui ont fait le tour du monde --  d'avoir perpétré le 21 août une attaque de grande ampleur aux armes chimiques qui aurait fait au moins 1.000 morts. L'organisation Médecins sans frontières a fait état du décès de 355 patients «présentant des symptômes neurotoxiques», tout en restant prudente sur leur origine et sur les responsabilités.

La Syrie nie en bloc et accuse même ses ennemis rebelles d'avoir utilisé des armes chimiques près de Damas.

Pour faire monter la pression, un responsable du département d'Etat a révélé samedi soir que le secrétaire d'Etat John Kerry avait exceptionnellement téléphoné, jeudi, à son homologue syrien Walid al-Moualem pour lui signifier que «si le régime syrien n'avait rien à cacher, il aurait dû autoriser un accès immédiat et sans entrave au site» de l'attaque présumée.

Washington reste toutefois prudent sur les faits.

La Maison Blanche a répété que les «services de renseignement américains continuaient de rassembler des faits afin de déterminer de manière certaine ce qui s'est passé».

Déploiement de moyens militaires

Il n'empêche que le patron du Pentagone Chuck Hagel avait implicitement annoncé vendredi soir le déploiement de moyens militaires afin de fournir des «options» au président s'il devait donner l'ordre d'intervenir en Syrie. Ces moyens comprennent l'envoi en Méditerranée d'un quatrième destroyer équipé de missiles de croisière, selon un responsable de la Défense.

En revanche, ni l'envoi de «troupes au sol, (ni) une zone d'exclusion aérienne n'ont été discutés» lors d'une première réunion jeudi à la Maison Blanche, d'après un diplomate américain.

Le président Obama s'est exprimé pour la dernière fois vendredi sur CNN. Et il s'est montré très réticent devant la perspective d'une opération militaire de grande envergure en Syrie.

Il n'a même pas évoqué la fameuse «ligne rouge» qu'il avait lui-même tracée en août 2012 en guise d'avertissement à son homologue syrien s'il se servait de son arsenal chimique.

Ce président américain sceptique de l'interventionnisme militaire à tous crins, qui a retiré ses troupes d'Irak et s'apprête à le faire en Afghanistan, a mis en garde contre toute nouvelle guerre au Moyen-Orient.

«Nous voyons des gens qui réclament une action immédiate. (Mais) se précipiter pour faire des choses qui tourneraient mal, nous embourber dans des situations très difficiles, peut nous entraîner dans des interventions très compliquées et coûteuses qui ne feraient qu'alimenter encore le ressentiment dans la région», a argumenté M. Obama, visant le sénateur républicain John McCain.

Ce dernier, battu par M. Obama à la présidentielle de 2008, l'a accusé de «passivité».