Le cap du millionième enfant syrien réfugié à l'étranger en raison des violences dans son pays, déchiré depuis deux ans par une guerre civile meurtrière, a été atteint vendredi, a déploré l'ONU.

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En outre, trois millions d'enfants syriens sont affectés par le conflit à l'intérieur de la Syrie.

«Ce millionième enfant réfugié n'est pas un chiffre comme les autres, c'est un enfant réel, arraché à son foyer, peut-être même à sa famille, confronté à des horreurs», selon le directeur-exécutif de l'UNICEF (Fonds des Nations unies pour l'enfance) Anthony Lake.

Le nombre des enfants contraints de fuir la Syrie a atteint le million, ont déclaré d'une seule voix vendredi le HCR (Haut-commissariat aux réfugiés) et l'UNICEF. Les deux agences de l'ONU, qui se disent confrontées à la plus grave crise humanitaire au monde, accusent la communauté internationale de n'être pas parvenue à protéger toute une génération.

«Nous devons tous assumer cette honte», a ajouté M. Lake. «La communauté internationale a échoué dans ses responsabilités à l'égard de ces enfants. Nous devons nous demander comment nous pouvons continuer», a-t-il dit.

À l'intérieur de la Syrie, 3,1 millions d'enfants sont aussi directement touchés par la guerre civile et deux millions d'entre eux ont été déplacés vers des régions moins exposées.

La directrice-exécutive adjointe de l'UNICEF Yoka Brandt souligne que la crise a un effet dévastateur sur les enfants en Syrie. «Les mécanismes de survie des familles se sont effondrés», a-t-elle dit. Selon elle, 58 % des enfants ne vont plus à l'école en Syrie.

Sur les deux millions de réfugiés syriens recensés par le HCR, un million ont moins de 18 ans, dont 740 000 ont moins de 11 ans.

Pour sa part, Antonio Guterres, Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, indique que «ce qui est en jeu, ce n'est rien d'autre que la survie et le bien-être d'une génération d'innocents», avant d'ajouter que cette tragédie est «totalement inacceptable».

Le mouvement d'exil des Syriens fuyant la guerre civile et ses atrocités s'est encore accéléré ces derniers jours, a-t-il ajouté, avec «40 000 nouveaux réfugiés syriens dans le Kurdistan irakien depuis le 15 août».

«La jeunesse de la Syrie a perdu son foyer, sa famille et son avenir. Même après avoir trouvé un refuge à l'extérieur, ces enfants sont traumatisés, déprimés et en quête d'une raison d'espérer», a-t-il ajouté.

En deux ans de conflit, près de 7000 enfants ont été tués, note le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. Ils font partie des 100 000 morts à ce jour dans la guerre.

Les enfants syriens risquent en outre de faire l'objet d'un enrôlement de force ou d'être exploités sexuellement, avertissent les agences de l'ONU.

Les enfants fuient avec des membres de leur famille, ou seuls. Ainsi, plus de 3500 enfants syriens se sont réfugiés en Jordanie, au Liban et en Irak, seuls, sans famille.

Le HCR a réussi à enregistrer chaque enfant réfugié par son nom. L'agence de l'ONU aide aussi les mères qui ont accouché en exil à obtenir des certificats de naissance pour leurs enfants, afin qu'ils ne deviennent pas apatrides.

Le HCR essaye aussi de faire en sorte que les familles et les enfants vivent dans des abris sûrs.

Il reste encore «beaucoup à faire», rappellent les agences qui ont réitéré leur appel en faveur d'une «solution politique».

«Les parties au conflit doivent cesser de prendre pour cibles des civils et de recruter des enfants», ont indiqué le HCR et l'UNICEF, les journaux du monde entier ayant publié ces jours-ci les photos de cadavres de jeunes enfants syriens, victimes d'une attaque meurtrière dans la région de Damas, où des armes chimiques auraient été utilisées.

«Les frontières doivent rester ouvertes pour que les familles puissent fuir la Syrie en sécurité», ont encore demandé le HCR et l'UNICEF.