Les États-Unis ont réclamé mercredi un «accès immédiat» de l'ONU au site d'une attaque chimique à grande échelle dénoncée par l'opposition en Syrie, mais ont refusé de parler d'une «ligne rouge» qui aurait été franchie par Damas.

Les accusations sur ce massacre présumé, photos de cadavres de jeunes enfants à l'appui, ont été proférées un an et un jour après que le président américain Barack Obama eut prévenu que le recours par le régime de Bachar al-Assad à son stock d'armes chimiques constituerait une «ligne rouge».

«Je ne parle pas de lignes rouges. Je n'ai pas de débat ou de conversation sur des lignes rouges, je n'établis pas de lignes rouges. Ne parlons pas de rouge aujourd'hui», a lancé mercredi la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki.

Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU veulent «faire la lumière sur ce qui s'est passé et suivre de près la situation», a déclaré l'ambassadrice argentine Maria Cristina Perceval, à l'issue d'une réunion à huis clos mercredi après-midi.

«Les membres du Conseil saluent la détermination du secrétaire général (Ban Ki-moon) à mener une enquête approfondie, impartiale et prompte», a encore dit à la presse Mme Perceval dont le pays le pays assure la présidence du Conseil en août.

Le Conseil de sécurité n'a pas adopté de déclaration formelle sur cette question en raison - selon des diplomates - de l'opposition de la Russie et de la Chine qui s'efforcent depuis le début de la crtise de protéger le régime de Bachar al-Assad.

Plus tôt, le porte-parole adjoint de la Maison-Blanche, Josh Earnest, avait affirmé que «les États-Unis condamnent avec force tout recours à des armes chimiques» et que leurs auteurs devraient «rendre des comptes». Ni lui ni Mme Psaki n'ont été en mesure de confirmer cette attaque qui aurait fait 1300 morts près de Damas, selon l'opposition.

Souhaitant une enquête «en urgence» des Nations unies, M. Earnest a rappelé qu'une équipe spécialisée de l'ONU se trouvait actuellement en Syrie et appelé Damas à lui accorder «un accès immédiat aux témoins et aux personnes affectées».

L'attaque aux armes chimiques, dont il n'était pas possible de vérifier le bilan avancé, a suscité une vague de condamnations internationales. Le régime Assad a cependant catégoriquement démenti avoir utilisé des armes chimiques et son allié russe a parlé de possible «provocation» montée par l'opposition.

Un an après la «ligne rouge»

Le 20 août 2012, M. Obama avait prévenu que l'utilisation d'armes chimiques en Syrie constituerait une «ligne rouge» pour les États-Unis et aurait des «conséquences énormes».

Une attaque massive aux armes chimiques, si elle était établie, constituerait «la pire atrocité de la guerre et ridiculiserait la mise en garde sur la "ligne rouge"», a remarqué Stewart Patrick, expert du «Council of Foreign Relations», groupe de réflexion de Washington.

«Les États-Unis ont deux options: rester sur la touche pendant que le régime massacre son peuple, ou faire pencher la balance contre un dictateur brutal en réduisant sa capacité à attaquer des civils», a estimé pour sa part le représentant démocrate de New York Eliot Engel. «Si nous voulons sauvegarder ce qui nous reste de crédibilité dans la région, nous devons agir sans retard», a-t-il prévenu.

De son côté, dans un éditorial, le Washington Post a exhorté l'administration Obama à s'employer à déterminer par elle-même si des armes chimiques avaient été employées. Si c'est le cas, «M. Obama devrait tenir sa promesse de ne pas tolérer de tels crimes, en donnant l'ordre d'une riposte directe des États-Unis contre les forces militaires syriennes», a ajouté l'influent quotidien.

Mais dans une lettre cette semaine à M. Engel, le chef d'état-major interarmées Martin Dempsey a indiqué qu'une intervention militaire en Syrie ne déboucherait pas sur une situation favorable aux États-Unis, les rebelles syriens ne soutenant pas les intérêts de Washington selon lui.

Après avoir temporisé des semaines durant, la Maison-Blanche avait reconnu le 13 juin dernier que le régime Assad avait bien eu recours à des armes chimiques et que la «ligne rouge» avait été franchie.

Washington avait dans la foulée décidé d'offrir un «soutien militaire» aux rebelles, restant flou sur sa nature. Dans le passé, M. Obama a exclu a priori d'envoyer des troupes sur le terrain et son équipe a souligné la difficulté de mettre en oeuvre une zone d'exclusion aérienne face à ce conflit qui a fait plus de 100.000 morts en deux ans et demi.

Relancé mercredi sur les «conséquences énormes» évoquées par M. Obama, M. Earnest a relevé que les États-Unis avaient «constamment augmenté leur aide à l'opposition» ces derniers mois, mais reconnu que «cela n'a pas eu le résultat que nous espérons».