Des membres de l'opposition libérale syrienne ont préparé un programme de transition prévoyant d'oeuvrer à une réconciliation nationale après la chute du régime en rendant justice «à toutes les victimes».

Ce plan d'action doit être présenté mercredi à Istanbul, en présence du chef de l'opposition Ahmad Jarba, mais ne sera pas officiellement adopté par la Coalition nationale de l'opposition.

«La réconciliation nationale sera menée à bien par le biais d'un long processus judiciaire transitionnel qui devra rendre justice à toutes les victimes de Syrie», annonce le groupe dans un communiqué.

Le régime de Bachar al-Assad et les rebelles sont régulièrement accusés d'atrocités contre leurs adversaires et contre la population civile.

Ces recommandations élaborées par les 300 membres de la «Maison d'expertise syrienne» --militants des droits de l'Homme, universitaires, magistrats, avocats et dirigeants de l'opposition -- stipulent que «les services de sécurité doivent être restructurés et les responsables corrompus devront être éliminés».

Cette question est extrêmement sensible dans un pays où les services de sécurité sont omniprésents et omnipotents depuis un demi-siècle.

«Tous les groupes armés seront désarmés, leurs membres démobilisés et réintégrés dans la société syrienne», assure le groupe. Parmi les milliers de rebelles engagés contre le régime, certains sont des déserteurs, mais la plupart sont des civils ayant pris les armes.

Le programme prévoit aussi un nouveau système politique «hybride à la fois parlementaire et présidentiel», basé sur la Constitution démocratique adoptée en 1950, après l'indépendance du pays.

Cette loi fondamentale donne la prépondérance au législatif sur l'exécutif, mais elle a été profondément remaniée au gré des coups d'État militaires et surtout après la prise du pouvoir par le parti Baas en 1963.

Une assemblée constituante devra être élue pour proposer une réforme de cette Constitution.

Le programme de transition, un document de plus de 200 pages, détaille avec minutie la période qui doit suivre l'éventuelle chute du régime.

Il propose la mise en place, avec l'aide d'experts étrangers, de tribunaux chargés de juger les auteurs présumés de crimes de guerre en Syrie.

«Le but n'est pas de prendre pour cible un groupe religieux particulier», assure le texte en affirmant qu'«il ne s'agira pas de vengeance, ni de représailles».

«Même les membres de l'opposition armée devront rendre des comptes et leur procès se déroulera conformément aux critères internationaux pour éviter toute mise en cause de la légalité de ces procès», explique le texte.

Ce plan d'action ne satisfera cependant pas les jihadistes, qui jouent un rôle prépondérant sur le terrain et dans la lutte contre le régime.

Le chef du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, a répété le 22 juillet son appel à la fondation d'un État islamique en Syrie.

«Nous, en tant que musulmans, ne croyons ni aux partis politiques ni aux élections parlementaires, nous croyons à une gouvernance islamique basée sur la choura (assemblée de juges musulmans) et la justice», avait indiqué cheikh Abou Mohamed al-Joulani.

«Le moyen d'appliquer la charia (loi islamique), c'est à travers le jihad (guerre sainte). La charia libère l'Homme des lois rédigées par l'être humain», avait-il ajouté dans un enregistrement audio relayé par des sites islamistes.

Le plan de transition ne devrait pas non plus plaire aux islamistes plus modérés comme les Frères musulmans, dans la mesure où la loi électorale exclut «les partis fondés sur une base religieuse, raciale ou doctrinale».