Près de 60 soldats syriens et jihadistes ont péri en trois jours de combats à Deir Ezzor, la plus grande ville de l'est de la Syrie où les combattants radicaux progressent, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Au moins 33 combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et du Front Al-Nosra, deux groupes affiliés à Al-Qaïda, et 25 combattants loyalistes ont péri depuis le début samedi par les jihadistes d'une offensive massive dans la ville, a précisé l'OSDH.

«Les affrontements sont très violents, les combattants utilisent quelques chars dont ils disposent, tandis que l'armée du régime bombarde les poches» des jihadistes, a expliqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

Les jihadistes concentrent leurs attaques sur le quartier Houeiqa, où se trouvent des sièges des services de sécurité et des bâtiments gouvernementaux.

Selon l'agence officielle Sana, l'armée syrienne a «tué des terroristes dans le quartier de Sernaa et d'autres terroristes ont péri lundi dans l'explosion d'une voiture qu'ils piégeaient avec des explosifs dans un de leurs repaires» à Deir Ezzor. Le régime qualifie systématiquement les rebelles de «terroristes».

Samedi, les jihadistes se sont emparés du siège du parti Baas ainsi que d'autres bâtiments gouvernementaux. «Ils avancent dans les quartiers sans les prendre totalement», a précisé M. Abdel Rahmane.

La ville est partagée entre régime et jihadistes, mais les lignes de front fluctuent constamment, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants ainsi que de sources médicales et militaires.

Forts de leurs gains dans le nord de la Syrie, et leur percée dans la province ouest de Lattaquié, bastion du clan Assad, rebelles et jihadistes tentent d'asseoir davantage leur contrôle dans l'est, dont la majorité échappe régime.

En mars, ils avaient remporté leur plus grande victoire en deux ans de conflit en s'emparant de Raqa (nord-est), seule capitale provinciale du pays entre leurs mains.

Cette ville est dominée notamment par l'EIIL mais ce groupe est dénoncé par les habitants, qui manifestent depuis deux semaines pour réclamer la libération de centaines de militants ainsi que d'un prêtre jésuite, selon l'OSDH.

Au début de la révolte en Syrie en mars 2011, les insurgés syriens qui cherchaient désespérément de l'aide face à la puissance de feu de l'armée avaient accueilli à bras ouverts les jihadistes, dotés d'armes sophistiquées et aguerris au combat.

Mais cet engouement a laissé progressivement la place au rejet en raison d'une pratique extrême de l'islam et d'arrestations arbitraires.