Les rebelles se sont emparés mardi d'une base aérienne stratégique près d'Alep, dans le nord de la Syrie, enregistrant ainsi un important succès après une série de revers face aux troupes du régime de Bachar al-Assad.

«Les combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et d'autres groupes rebelles ont pris à l'aube le contrôle total de la base de Mennegh», au nord de la ville d'Alep, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

La télévision officielle de son côté a minimisé cette défaite, en affirmant qu'il «n'y avait ni armes ni avions dans cet aéroport qui est inutilisable», et que l'armée «résistait avec succès à l'assaut».

Selon les analystes, cette victoire s'inscrit dans la volonté de chaque camp de se débarrasser des positions adverses dans les territoires qu'il contrôle.

L'opposition agit ainsi dans ses fiefs du nord et de l'est, et le régime dans le centre; comme l'illustre la prise en juin et juillet de deux bastions rebelles dans la province de Homs. Quant aux Kurdes, dans le nord-est du pays, ils essaient de créer un territoire autonome en s'attaquant aux jihadistes.

Ces stratégies créent de facto une division du pays en guerre depuis près de deux ans et demi, même si chaque camp s'en défend.

Les groupes rebelles cherchaient depuis huit mois à s'emparer de l'aéroport de Mennegh, afin d'empêcher le régime d'utiliser ses appareils pour bombarder les zones sous leur contrôle, explique l'OSDH, qui se fonde sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays.

Il y a quelques mois, ils avaient pris l'aéroport militaire Al-Jarrah et la Base 80, chargée d'assurer la sécurité de l'aéroport international, également dans la province d'Alep. Mais cet aéroport et les bases aériennes de Kwayress et Nairab de la région sont toujours aux mains du régime.

Selon des analystes et l'OSDH, les derniers succès à Lattaquié (ouest) et Alep, sont le fruit d'une coopération entre les groupes rebelles locaux et des jihadistes.

L'armée trahie à Lattaquié

Cette victoire a été accueillie par des klaxons, des tirs en l'air et du slogan «Dieu est Grand» dans un quartier rebelle d'Alep, selon une vidéo distribuée par les militants anti-régime.

La veille, les insurgés avaient pris plusieurs villages dans la province côtière de Lattaquié, fief de la minorité alaouite à laquelle appartient M. Assad.

D'après une source de sécurité, l'attaque est le fruit d'une trahison: «Des miliciens pro-régime chargés de surveiller la région ont abandonné leurs positions, vraisemblablement achetés par les adversaires, ce qui a permis aux insurgés d'avancer par surprise».

«Les rebelles ont commis des massacres dans les villages qu'ils ont pris avant d'être repoussés dans une contre-attaque de l'armée. Il ne reste que deux localités entre leurs mains», a-t-elle ajouté.

La coalition de l'opposition a appelé mardi à une trêve durant la fête marquant la fin du mois de jeûne du ramadan et qui doit avoir lieu en fin de semaine.

Un chef jihadiste arrêté

À Damas, une source de sécurité a indiqué à l'AFP que le chef de l'organisation jihadiste Front al-Nosra pour la capitale, soupçonné d'être le cerveau des attentats les plus spectaculaires dans la ville, avait été arrêté avec deux de ses adjoints.

Il serait responsable notamment de l'attentat du 22 mars qui a couté la vie à Mohammad Saïd al-Bouti, le plus célèbre dignitaire religieux sunnite pro-régime, et de celui de décembre 2012 contre le ministère de l'Intérieur.

Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 par une contestation militaire qui s'est ensuite militarisée face à la répression du régime, a fait plus de 100 000 morts et poussé à la fuite des millions de Syriens qui se sont réfugiés pour la plupart dans les pays voisins.

Dans les pays d'accueil, ils sont confrontés aux risques de recrutement comme enfants-soldats, aux violences sexuelles et à l'exploitation comme main d'oeuvre, souligne un rapport du rapport du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (UNHCR).

Depuis Téhéran, le président iranien Hassan Rohani a insisté mardi sur l'importance de la «négociation» pour sortir de la crise en Syrie, et appelé à en «expulser les groupes terroristes», lors de sa première conférence de presse.