Le secrétaire d'État américain John Kerry a affirmé samedi que les pays soutenant l'opposition syrienne allaient intensifier leur aide, militaire et autre, pour aider la rébellion à renverser l'équilibre sur le terrain, lors d'une réunion des «Amis de la Syrie» au Qatar.

Pour sa part, le premier ministre qatari, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, a appelé les participants à armer la rébellion pour forcer le régime de Bachar Al-Assad à négocier.

«Les États-Unis et les autres pays réunis ici, chacun à sa façon, chacun choisissant son approche, vont augmenter la portée et l'ampleur de leur assistance à l'opposition politique et militaire», a déclaré John Kerry.

Il a souligné que son pays continuait d'appuyer une solution pacifique et la tenue de la conférence internationale Genève 2 visant à trouver une solution politique au conflit qui a fait en plus de deux ans quelque 93.000 morts selon l'ONU.

Les États-Unis soutiennent «la mise en place d'un gouvernement de transition» prévue par l'accord de Genève «qui serait choisi par consentement mutuel par le régime d'Assad et l'opposition», a-t-il dit.

Mais les rebelles ont besoin d'un soutien accru «afin de se rendre à Genève» et de pouvoir renverser «le déséquilibre sur le terrain», où le régime a récemment enregistré des progrès, a ajouté le secrétaire d'État.

M. Kerry a affirmé que les gouvernements présents à la réunion, dont l'Arabie saoudite et le Qatar, principaux soutiens des rebelles, allaient «coordonner leur soutien» à l'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), la principale faction de l'opposition armée.

Il a accusé le président Assad «d'internationaliser» le conflit, en y impliquant l'Iran et le Hezbollah libanais.

De son côté, cheikh Hamad, également ministre des Affaires étrangères du Qatar, a estimé qu'un règlement politique «ne peut être réalisé qu'en établissant un équilibre sur le terrain pour que le régime accepte de négocier».

Il a invité les pays soutenant l'opposition à adopter «une feuille de route avec un calendrier précis pour garantir un règlement pacifique en renforçant la lutte de l'opposition syrienne» qui a perdu le contrôle d'importants bastions repris par l'armée syrienne avec l'aide du Hezbollah.

«Nous devons apporter toute forme de soutien aux forces de l'opposition», a-t-il ajouté, soulignant que leur «approvisionnement en armes sera l'unique moyen de rétablir la paix» en Syrie.

Il a souligné soutenir la conférence internationale de paix, dite Genève 2, initiée par la Russie et les États-Unis.

«Nous ne sommes pas contre le dialogue et un règlement pacifique. Nous soutenons la tenue de Genève 2 pour une transition pacifique du pouvoir en Syrie», a-t-il dit.

Cela passe, a-t-il expliqué, par «la formation d'un gouvernement de transition ayant de pleines prérogatives et dans lequel Bachar al-Assad et ses collaborateurs ayant du sang sur les mains n'auront pas de rôle à jouer», a précisé le responsable qatari.

Un bombardement tue trois enfants à Damas

Trois enfants ont été tués samedi dans le quartier de Qaboune, dans l'est de Damas pilonné pour le quatrième jour consécutif par l'armée syrienne, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Trois enfants d'une même famille ont été tués dans la nuit par des bombardements au mortier sur Qaboune», précise l'ONG qui s'appuie sur un important réseau de militants et de médecins.

Mercredi, les troupes gouvernementales, appuyées par le Hezbollah libanais, avaient lancé une campagne pour écraser les poches rebelles à Damas et ses environs, concentrant leur puissance de feu sur le nord et l'est de la capitale.

Samedi, Qaboune était violemment bombardé, selon l'OSDH, qui fait également état de «combats à la périphérie du quartier» et dans le secteur voisin de Barzé.

«L'Armée syrienne libre (ASL, principale faction de la rébellion) a fait face à une infiltration des forces du régime dans Barzé», explique de son côté le réseau de militants anti-régime de la Commission générale de la Révolution syrienne (CGRS).

Dans la nuit, des affrontements ont également été signalés à la périphérie des quartiers de Jobar (est) et de Hajar Al-Aswad (sud).

Dans le nord du pays, l'aviation a mené à l'aube des raids sur les abords de l'aéroport de Mennegh que les rebelles tentent de prendre depuis des mois, ajoute l'OSDH.

Par ailleurs, des insurgés à Alep (nord) ont annoncé sur Facebook le début à l'aube d'«une nouvelle bataille pour libérer des quartiers de l'ouest» de cette grande ville du nord de la Syrie, d'où sont bombardés les quartiers rebelles.

Plusieurs groupes rebelles armés, comme les bataillons Ahfad al-Rassoul, al-Tawhid, al-Farouk et Souqour al-islam participent à cette bataille, «livrée notamment dans la région d'al-Rachidine dans le nouvel Alep», a indiqué à l'AFP le militant Mohammad du Centre de presse d'Alep.

Selon lui, «un incendie s'est déclaré dans le bâtiment des recherches scientifiques, après son pilonnage par les rebelles».

Dans la région de Homs, dans le centre du pays, la ville de Tal Kalakh proche de la frontière libanaise a été soumise depuis l'aube à «des bombardements violents, avec des tentatives du régime de la prendre d'assaut depuis le nord», selon la CGRS.

Dans cette région, les forces du régime avaient pris le 5 juin, avec l'aide déterminante du Hezbollah chiite libanais, le bastion rebelle de Qousseir.

Le régime tente de reprendre également la ville de Rastane ainsi que les vieux quartiers de Homs, qui sont contrôlés par les rebelles, selon l'OSDH.

Vendredi, 100 personnes ont été tuées dans les violences à travers la Syrie, selon un bilan de l'OSDH.