Les États-Unis ont annoncé vendredi avoir augmenté le nombre de leurs soldats présents en Jordanie, de 250 à 1000, tandis que les rebelles syriens ont affirmé avoir reçu récemment de l'étranger des quantités d'armes «modernes» susceptibles de «changer le cours de la bataille».

Quelque 700 soldats américains, qui avaient été déployés en Jordanie pour d'importants exercices militaires communs achevés cette semaine, sont restés sur place, a indiqué un responsable de la Défense américaine.

L'Armée syrienne libre (ASL), principale force d'opposition armée, a de son côté récemment reçu «des quantités d'armes modernes, dont certaines (...) susceptibles de changer le cours de la bataille», a indiqué à l'AFP Louaï Moqdad, coordinateur politique et médiatique de l'ASL.

Il a dit s'attendre à ce que les pays Amis de la Syrie --qui se réunissent samedi à Doha pour coordonner l'aide, y compris militaire, à apporter à la rébellion-- annoncent «officiellement» la décision d'armer les rebelles. «C'est ce que nous espérons, c'est ce à quoi nous nous attendons».

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est envolé vendredi pour le Qatar, où il doit notamment retrouver les chefs de la diplomatie française Laurent Fabius, allemande Guido Westervelle, britannique William Hague, et italienne Emma Bonino. Aucune indication n'a été donnée sur la présence de l'opposition syrienne.

Le porte-parole de l'ASL a précisé que les armes avaient commencé à être distribuées et qu'elles se trouvaient «entre les mains d'officiers professionnels et de combattants de l'ASL», assurant que «ces armes seront utilisées dans un seul objectif, celui de combattre le régime».

«Il s'agit d'armes anti-aériennes et antichars ainsi que des munitions», a ajouté M. Moqdad, sans plus de précision, rappelant que la rébellion avait réclamé un «arsenal de dissuasion».

Jeudi, il avait évoqué notamment des missiles sol-air à courte portée MANPAD, des missiles antichars et des mortiers.

D'autres armes arriveront «dans les prochains jours», a souligné M. Moqdad.

Burhan Ghalioun, figure de l'opposition, a confirmé à l'AFP que l'ASL avait récemment reçu «des armes sophistiquées», citant notamment «un système de défense anti-aérien».

«Ce système est de fabrication russe», a précisé à l'AFP une autre source au sein de l'opposition, qui a requis l'anonymat et n'a pas voulu identifier le pays fournisseur.

Jusqu'à présent, les pays occidentaux étaient très réticents à l'idée de fournir des armes aux rebelles, par crainte qu'elles ne tombent aux mains d'extrémistes, mais l'avancée de l'armée syrienne, appuyée par le puissant Hezbollah chiite libanais, les a convaincu de revoir leurs plans.

Débordement régional du conflit

L'armée du régime a bombardé vendredi le quartier de Qaboun, dans l'est de la capitale, tandis que rebelles et soldats se sont affrontés aux alentours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Plusieurs quartiers d'Alep, la grande ville du nord, étaient également sous le feu du régime.

Le conflit qui a fait au moins 93 000 morts de puis mars 2011 selon l'ONU, continue de faire tache d'huile dans la région.

Au Liban, une personne a été tuée jeudi soir dans un échange de tirs entre l'armée et des manifestants qui ont coupé des routes dans l'est du Liban sur fond de tensions confessionnelles liées au conflit syrien.

Une roquette Grad a par ailleurs explosé près de la capitale libanaise dans la nuit sans faire de victime, a indiqué un responsable de la sécurité.

Et le festival international de Baalbeck, organisé chaque année dans le célèbre temple romain dans l'est du Liban, a dû changer de lieu cet été en raison des violences liées à la guerre en Syrie.

En Jordanie, 1500 personnes ont défilé à Amman, conspuant le président Assad et le Hezbollah, détournant son nom en arabe, «parti de Dieu», en «parti du diable», dans une allusion à son chef Hassan Nasrallah qui a récemment affirmé que son mouvement resterait engagé aux côtés du régime.

À l'approche de l'été, l'ONU a averti que les températures élevées et les conditions d'hygiène passablement dégradées, mettaient en danger la santé de 4 millions d'enfants affectés par le conflit.