Le Royaume-Uni a des preuves «physiologiques» de l'utilisation du gaz sarin en Syrie «très probablement» par le régime de Bachar al-Assad, a annoncé mercredi un porte-parole du gouvernement britannique.

«Nous avons obtenu des échantillons physiologiques de Syrie qui ont été testés» en Angleterre, et «les substances obtenues en Syrie ont révélé la présence de gaz sarin», a déclaré ce porte-parole.

«Selon nos estimations, l'utilisation d'armes chimiques en Syrie est très probablement du fait du régime» de Damas, a-t-il poursuivi, ajoutant que le Royaume-Uni n'avait pas «à ce jour de preuve de l'utilisation par l'opposition» syrienne d'armes chimiques.

«Il y a une masse croissante d'informations, limitées mais convaincantes, prouvant que le régime a utilisé - et continue d'utiliser - des armes chimiques, notamment du gaz sarin», a encore dit ce porte-parole.

«L'utilisation d'armes chimiques est un crime de guerre», a-t-il souligné, rappelant que Londres demandait au président Assad d'accorder «aux enquêteurs de l'ONU un accès immédiat et sans restriction» au territoire syrien. «Assad a constitué des stocks d'armes (chimiques), a formé des unités militaires à leur utilisation, et continue de contrôler ces unités. Il lui revient donc la responsabilité urgente de mettre un terme à leur utilisation (...) et de permettre une enquête complète et sans entraves».

Le Royaume-Uni est le deuxième pays, après la France, à se montrer aussi catégorique quant à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, régulièrement évoquée depuis plusieurs mois et dont les Occidentaux, le président américain Barack Obama en tête, avaient fait une «ligne rouge», avant de se montrer plus prudents.

Mardi, la France a accusé le régime syrien d'avoir utilisé à au moins une reprise du gaz sarin en Syrie, assurant que «toutes les options» étaient désormais «sur la table» pour la communauté internationale.

Le sarin est un puissant gaz neurotoxique, inodore et invisible. Outre son inhalation, le simple contact avec la peau de ce gaz bloque la transmission de l'influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. La dose létale est d'un demi-milligramme pour un adulte.

Le conflit en Syrie a fait depuis mars 2011 plus de 94 000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), et provoqué le déplacement de 4,25 millions de personnes. Dans son dernier rapport présenté mardi à Genève, la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a relevé que les «crimes de guerre et crimes contre l'humanité étaient devenus une réalité quotidienne».

Une réunion préparatoire tripartite ONU/Russie/États-Unis consacrée à une nouvelle conférence de paix internationale sur la Syrie doit se tenir mercredi à Genève.