Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, confronté à une contestation populaire dans son pays, a déclaré mardi à Alger que le président syrien Bachar al-Assad avait «dépassé son père en matière de crimes et de boucheries» et qu'il devrait en payer le prix.

Bachar al-Assad «a dépassé son père en matière de crimes et de boucheries et il n'est pas possible de pardonner cela», a dit le premier ministre turc, dont le pays soutient les rebelles syriens, dans un discours devant le Parlement algérien.

Hafez al-Assad, le père de Bachar, a dirigé la Syrie pendant 30 ans d'une main de fer et réprimé dans le sang une insurrection islamiste dans la ville de Hama (centre) en 1982 faisant quelque 20 000 morts.

En faisant allusion au conflit qui ensanglante la Syrie depuis le début, en mars 2011, M. Erdogan a affirmé que le président syrien devrait «en payer le prix tôt ou tard».

«Nous soutenons les [du peule syrien] qui aspire à la démocratie», a affirmé M. Erdogan, rappelant que son pays accueillait 300 000 réfugiés syriens.

Le conflit en Syrie a fait depuis mars 2011 plus de 94 000 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

M. Erdogan a été accueilli mardi à l'aéroport d'Alger par son homologue Abdelmalek Sellal. Arrivé pour une visite de deux jours, deuxième étape d'une tournée au Maghreb, il est accompagné de plusieurs ministres et de quelque 200 hommes d'affaires.

Après l'Algérie, M. Erdogan doit se rendre en Tunisie mercredi, avant un retour dans son pays, où la contestation ne semble pas faiblir.

En Turquie, la nuit dernière a été marquée par de nouveaux rassemblements et des violences. L'un des principaux syndicats s'est joint au mouvement. Les manifestants reprochent à M. Erdogan son «autoritarisme» et l'accusent de vouloir «islamiser» la société turque.

Dans son discours devant le Parlement, M. Erdogan n'a pas dit un mot sur la situation dans son pays.

Le groupe parlementaire du Parti des travailleurs (PT), qui compte 24 députés sur les 462 que compte l'Assemblée algérienne, a boycotté son intervention.

«Nous avons boycotté en solidarité avec le peuple turc et pour condamner la position turque dans ce que l'on appelle le Printemps arabe», a déclaré à l'AFP, Djelloul Djoudi, président du groupe parlementaire du PT, en référence au soutien d'Ankara aux rebelles syriens.