La Coalition nationale de l'opposition syrienne a entamé jeudi à Istanbul une réunion de trois jours pour discuter de sa participation à une éventuelle conférence de paix internationale «Genève 2», qu'elle conditionne à l'assurance d'un départ rapide du président Bachar al-Assad.

Les opposants ont débuté leur rencontre par une évaluation de la situation sur le terrain, où le régime de Damas a lancé une vaste offensive contre la ville stratégique de Qousseir, tenue par les rebelles dans l'ouest du pays, et devaient voter l'entrée de nouveaux membres dans cette Coalition, principal groupe de l'opposition syrienne, a affirmé à l'AFP une de ses porte-parole.

Mais les débats les plus attendus, qui pourraient se poursuivre jusqu'à samedi, vont porter sur leur participation, ou non, à des négociations avec le régime de Bachar al-Assad pour trouver une solution politique au conflit qui ensanglante la Syrie depuis plus de deux ans.

L'idée de cette conférence internationale dite de «Genève 2» a été lancée par les États-Unis et Moscou, et les soutiens occidentaux et arabes de l'opposition ont multiplié les pressions sur la Coalition pour qu'elle y participe le mois prochain.

De nombreux membres de la Coalition sont cependant réservés quant à cette initiative.

«On ne sait pas quels pays vont participer, quel est l'ordre du jour, ce qui va être proposé, notre objectif final», a commenté lors d'un point de presse Khaled Saleh, porte-parole de la Coalition, «avant de pouvoir prendre une décision politique finale solide sur une participation, nous avons encore besoin de nombreux détails.»

M. Saleh a cependant réaffirmé une exigence de l'opposition syrienne: «toute période de transition doit commencer par le départ d'Assad et des piliers de son régime».

Onze pays soutenant l'opposition, dont les États-Unis, ont tenté de rassurer la Coalition sur ce point en soulignant à l'issue d'une réunion des Amis de la Syrie à Amman mercredi que «Bachar al-Assad, son régime et ses proches qui ont du sang sur les mains ne pourront tenir aucun rôle dans le futur en Syrie».

Le groupe a également annoncé qu'il continuerait d'aider les rebelles jusqu'à ce que Bachar al-Assad parte.

Les membres de la Coalition redoutent d'être lâchés par les rebelles sur le terrain s'ils adoptent une position trop conciliante à l'égard du régime de Damas.

Contexte critique

«Dans quelle mesure les révolutionnaires sur le terrain accepteraient-ils que la Coalition aille négocier sans que cette condition soit remplie? Je pense que les révolutionnaires tourneraient totalement le dos à l'opposition politique», a expliqué à l'AFP Samir Nashar, un membre de la Coalition.

Lors d'un récent entretien à des médias argentins, M. Assad a martelé son refus de quitter le pouvoir avant la présidentielle de 2014.

La réunion d'Istanbul intervient dans un contexte critique sur le terrain pour l'opposition, avec le lancement ces derniers jours par l'armée syrienne, épaulée par le mouvement chiite libanais Hezbollah, d'une vaste offensive sur Qousseir, une ville stratégique de l'ouest de la Syrie tenue par les insurgés.

Le président par intérim de la Coalition, George Sabra, a appelé mercredi l'ensemble de la rébellion à venir défendre la ville.

Et son appel semble avoir porté ses fruits, selon M. Saleh.

«Les brigades de l'Armée syrienne libre sont parvenues à repousser les milices du Hezbollah», a affirmé le porte-parole, estimant que les miliciens chiites ont été «repoussés d'au moins trois kilomètres» après avoir perdu entre 70 et 100 hommes. «En ce moment, l'engagement du Hezbollah en Syrie est total», a-t-il souligné.

A Istanbul, une autre priorité des opposants sera d'élire un nouveau président pour la Coalition, après la démission en mars du président sortant Ahmed Moaz al-Khatib.

Le nouveau chef devra «être capable de faire face à cette nouvelle étape dans la vie de la révolution» où «le régime devient plus agressif, utilise plus fréquemment des armes chimiques et commet des massacres odieux», a indiqué M. Saleh.

La Coalition doit aussi se prononcer sur le cabinet de 11 ministres que va lui présenter Hassan Hitto, le premier ministre élu en mars par l'opposition pour administrer les territoires aux mains de la rébellion.

Le sujet est sensible au sein d'une opposition déjà divisée. Une partie des membres de la Coalition sont hostiles à M. Hitto, et un vote de défiance pourrait entraîner sa chute, a indiqué un responsable parlant sous le couvert de l'anonymat.