Les Amis de la Syrie se réunissent mercredi à Amman, en l'absence pour la première fois de l'opposition, pour préparer la conférence de paix internationale dite de «Genève 2» entre régime et rebelles, initiée par la Russie et les États-Unis.

Ce groupe de pays soutenant l'opposition au régime de Bachar al-Assad va «tenir des consultations en vue de la conférence internationale sur la Syrie prévue en juin pour parvenir à une solution politique à la crise en Syrie», a expliqué le ministère jordanien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Les discussions réuniront les chefs de la diplomatie de la Jordanie, de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l'Égypte, du Qatar, des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Turquie, de l'Allemagne et de l'Italie.

Avant la rencontre, le secrétaire d'Etat américain John Kerry tiendra une conférence de presse avec son homologue jordanien Nasser Jawdeh.

Pour la première fois, l'opposition syrienne, sans chef depuis la démission d'Ahmed Moaz al-Khatib, n'a pas été conviée à cette nouvelle réunion des «Amis de la Syrie».

«Je pense que cette absence est due au fait que les pays amis souhaitent parvenir à une position unifiée en ce qui concerne la conférence internationale», a affirmé à l'AFP Anas Abdé, membre de la Coalition de l'opposition.

«Cette position sera ensuite exposée» à la réunion de l'opposition à Istanbul jeudi «pour tenter de convaincre l'opposition de participer à la conférence» internationale, a-t-il ajouté.

L'opposition, qui doit élire un nouveau chef à Istanbul, doit aussi décider si elle participe ou pas à cette conférence baptisée «Genève 2».

Une première réunion tenue dans la ville suisse le 30 juin 2012 avait débouché sur un texte appelant à la fin immédiate des violences qui ravagent la Syrie depuis plus de deux ans et prévoyant la mise en place d'un processus de transition politique, mais sans se prononcer sur le sort de M. Assad.

Or le départ du président syrien est la principale pierre d'achoppement dans les négociations.

L'opposition pose comme condition sine qua non le départ de M. Assad et de son régime, qui a réprimé dans le sang une révolte populaire pacifique donnant lieu à guerre civile sanglante qui a fait plus de 94.000 morts selon une ONG.

De son côté, le président syrien, qui assimile la rébellion à du terrorisme, a réitéré à plusieurs reprises son refus de démissionner et souhaité des discussions sans conditions préalables.

Dans un entretien le week-end dernier à des médias argentins, il a même laissé entendre qu'il pourrait se représenter à la présidentielle de 2014.

La position des puissances soutenant chacune des deux parties en conflit semble aussi diamétralement opposée: Washington, Paris et Londres notamment réclament le départ du chef de l'État, un scénario auquel s'oppose catégoriquement la Russie, qui soutient le régime et lui livre des armes.

«La position de Paris est claire: Assad ne fait pas partie de la solution au conflit», ont affirmé à l'AFP des sources diplomatiques françaises.

La concrétisation de la conférence, idée lancée par Washington et Moscou qui tentent d'harmoniser leurs efforts sur le dossier syrien, s'avère ainsi compliquée.

De plus, les tractations butent sur la liste des participants à la conférence, par exemple la présence ou non de l'Iran, allié d'Assad.

Dans ce contexte, l'émir du Qatar, l'un des principaux soutiens et bailleurs de fonds de l'opposition syrienne, a vivement critiqué lundi l'inaction des grandes puissances.

«Il est inacceptable que les pays influents dans le monde n'agissent pas pour mettre fin à la tragédie et à la catastrophe humanitaire» en Syrie, a déclaré cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani.

Selon les sources diplomatiques françaises, l'accord qui doit émerger de la conférence internationale «doit être suffisamment acceptable pour qu'il soit appliqué sur le terrain. On ne veut pas se retrouver dans une situation où l'opposition se retrouve avec une baïonnette dans le dos, obligée de signer des choses inacceptables».