L'armée syrienne a affirmé dimanche contrôler le coeur de Qousseir, longtemps place forte des rebelles dans le centre du pays, au lendemain de déclarations du président Bachar-al-Assad martelant sa détermination à rester au pouvoir.

Les militants antirégime ont toutefois minimisé les gains de l'armée, affirmant que les rebelles opposaient une résistance acharnée dans cette ville de 25 000 habitants située sur l'axe reliant la capitale au pays alaouite, la minorité dont est issu M. Assad, sur le littoral.

«L'armée syrienne contrôle la place principale de Qousseir dans le centre-ville ainsi que les immeubles environnants, dont la mairie, où les soldats ont planté le drapeau syrien», a déclaré à l'AFP une source militaire sous couvert de l'anonymat.

La télévision d'État a diffusé une interview d'un soldat sur place: «les hommes armés se sont enfuis face aux frappes de l'armée en direction du quartier nord, vers lequel nous continuons d'avancer pour mettre fin à toute manifestation armée», a expliqué le soldat.

«Si l'armée parvient à contrôler Qousseir, c'est toute la province de Homs qui tombe» aux mains du régime, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une organisation basée au Royaume-Uni et s'appuyant sur un large réseau de militants et de sources médicales et militaires.

Il a ajouté craindre un «massacre» si l'armée prenait la ville, dont «les habitants ont peur de sortir, car beaucoup sont des familles de rebelles et de militants antirégime».

Le soldat interrogé sur la chaîne officielle a assuré que l'armée avait «laissé le front nord-ouest pour permettre aux habitants de sortir», ce que démentent les militants antirégime sur place, qui ont dénoncé le «siège étouffant imposé par le régime syrien et le Hezbollah libanais».

L'OSDH a en outre ajouté que depuis le matin, les bombardements incessants avaient déjà fait 40 morts à Qousseir, dont trois femmes.

Depuis plusieurs semaines, l'armée, aidée par le Hezbollah et des miliciens prorégime, tente de reprendre ce bastion rebelle. Le puissant mouvement chiite libanais, allié de Damas, «joue un rôle central dans la bataille», selon M. Abdel Rahmane.

Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, a dénoncé «les tentatives de faire disparaître la ville et ses habitants de la carte» et appelé à une réunion urgente de la Ligue arabe en vue d'«arrêter le massacre».

L'assaut est intervenu au lendemain d'un rare entretien de M. Assad à des médias argentins, dans lequel il a martelé son refus de quitter le pouvoir avant la présidentielle de 2014.

Le dirigeant syrien, contesté depuis plus de deux ans par une révolte populaire devenue insurrection armée, a même laissé entendre qu'il serait candidat à sa propre succession.

«Vous ne pouvez pas gouverner si vous êtes rejeté par le peuple», a assuré M. Assad. «Sur la question de savoir qui doit partir et qui doit rester (...), c'est le peuple syrien qui le déterminera lors de l'élection présidentielle de 2014», a-t-il ajouté.

Il s'est en outre dit sceptique quant à la conférence internationale prévoyant un dialogue opposition-régime, voulue par Moscou et Washington pour trouver une solution au conflit qui a fait plus de 94 000 morts depuis mars 2011, selon l'OSDH.

M. Assad a accusé les pays soutenant le «terrorisme» et «de nombreux pays occidentaux» de ne pas vouloir une solution en Syrie. Il a néanmoins «bien accueilli le rapprochement américano-russe», sans préciser si son régime comptait participer à la conférence.

Moscou, grand allié d'Assad à qui il fournit des armes, plaide pour son maintien jusqu'à une élection, tandis que Washington a réclamé à plusieurs reprises son départ, posé par l'opposition syrienne comme condition à tout dialogue.

Cette opposition, qui doit décider le 23 mai de sa participation à la conférence, a estimé que le silence de la communauté internationale sur l'assaut de Qousseir risquait de «faire perdre tout sens» aux efforts de paix.

M. Assad a par ailleurs nié l'utilisation d'armes chimiques contre la rébellion, affirmant que ces accusations étaient un prétexte pour justifier une intervention étrangère en Syrie.

Concernant le sort des journalistes américain James Foley et italien Domenico Quirico, portés disparus en Syrie, le chef d'État a affirmé n'avoir «aucune information». La famille de M. Foley avait affirmé début mai que le reporter était probablement détenu par le renseignement syrien près de Damas.