Le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a affirmé mardi que son pays ne «s'impliquait pas dans la guerre civile en Syrie», mais continuerait à empêcher le transfert d'armes perfectionnées au Hezbollah chiite libanais, après des raids israéliens près de Damas.

Dans la matinée, un obus de mortier tiré à partir du territoire syrien a explosé dans la partie occupée par Israël du sud du plateau du Golan sans faire ni victime ni dégât, apparemment à la suite de combats entre armée et rebelles, a annoncé une porte-parole de l'armée israélienne.

«Nous ne nous impliquons pas dans la guerre civile en Syrie, mais nous avons annoncé quels étaient nos intérêts», a indiqué M. Yaalon, dont les propos étaient retransmis par les radios israéliennes, lors d'une inspection près de la bande de Gaza.

«Nous avons fixé des lignes rouges, parmi lesquelles le transfert d'armes perfectionnées à des organisations terroristes comme le Hezbollah et d'autres, ou d'armes chimiques, ou la violation de notre souveraineté le long de la frontière», a-t-il ajouté.

Israël a lancé vendredi et dimanche une série de raids dans la région de Damas, qui visaient selon des responsables israéliens des armes iraniennes destinées au Hezbollah, ce que Téhéran a démenti.

De son côté, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Benny Gantz, a qualifié de «réel défi» la période actuelle, lors d'une cérémonie de remise de grades à des officiers supérieurs lundi soir à Tel-Aviv.

«Il apparaît clair qu'en voyant cette semaine, celle d'avant, celle d'il y a un mois, deux mois, un an, deux ans, nous voyons la nécessité pour Tsahal (l'armée) d'agir sur tous les fronts, de façon routinière ou dans l'urgence, aussi bien en période d'accalmie que pendant une guerre», a déclaré le général Gantz aux officiers.

Dans un communiqué, le gouvernement du mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, a condamné mardi «l'agression» israélienne contre la Syrie et a exhorté la Ligue arabe à «agir fermement et dans l'unité» pour empêcher qu'elle ne se reproduise.

«Nous rejetons complètement toute agression sioniste contre la Syrie ou n'importe quel autre pays arabe et islamique, quelles que soient les excuses de l'occupant (israélien) pour justifier ses crimes», a souligné le communiqué.

Ce qui n'a pas empêché la police du Hamas de disperser à coups de matraque une manifestation organisée par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche nationaliste) à Khan Younès pour protester contre les frappes israéliennes en Syrie, a constaté l'AFP. Au moins trois manifestants ont été blessés, selon un représentant du FPLP, Nasrallah Jarhoun.

L'ONU a indiqué mardi avoir protesté formellement auprès d'Israël après avoir constaté depuis une semaine une intensification des survols du Liban par l'armée de l'air israélienne. Ces survols constituent «une violation de la souveraineté du Liban», a estimé à New York le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky.

À Damas, un responsable syrien a assuré que son pays riposterait à ces raids «mais choisira le moment pour le faire, peut-être pas immédiatement».

Le ministre israélien de la Défense a averti que l'armée israélienne riposterait à tout tir syrien vers le Golan occupé en visant l'origine du tir.

Lundi, deux roquettes tirées de Syrie avaient explosé dans le même secteur du Golan, selon l'armée israélienne.

Depuis le début du conflit en Syrie il y a deux ans, la situation s'est tendue sur le Golan, mais les incidents --obus syriens tombant en secteur sous contrôle israélien et tirs de semonce israéliens-- sont restés jusqu'à présent relativement limités.

Israël, officiellement en état de guerre avec la Syrie, occupe depuis 1967 quelque 1200 km2 du plateau du Golan, qu'il a annexés, une décision que n'a jamais reconnue la communauté internationale, environ 510 km2 restant sous contrôle syrien.

Une force de l'ONU, la FNUOD (Force de l'observation du désengagement sur le Golan), est chargée depuis 1974 de faire respecter le cessez-le-feu. Quatre observateurs de la FNUOD ont été enlevés sur le plateau du Golan par un groupe armé, a indiqué mardi une porte-parole de l'ONU.