Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a reçu jeudi matin les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité pour évoquer la situation en Syrie et le sort du médiateur Lakhdar Brahimi, ont indiqué des diplomates.

L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe est, selon certains diplomates à l'ONU, sur le point de démissionner. Un collaborateur de M. Brahimi a indiqué à l'AFP que celui-ci envisage de démissionner, mais ne prendra pas de décision avant la mi-mai.

Selon un diplomate du Conseil, M. Brahimi «va démissionner, il a pris sa décision, mais nous ne savons pas quand elle sera formalisée».

Le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky a confirmé l'entretien de M. Ban avec les représentants des cinq grandes puissances (P5: États-Unis, France, Russie, Chine, Royaume-Uni), mais a refusé de dire si M. Brahimi avait déjà averti l'ONU et la Ligue arabe de sa décision.

Selon M. Nesirky, la discussion a porté sur «les efforts diplomatiques possibles pour mettre fin au conflit», la mission d'enquête de l'ONU sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques dans ce conflit ainsi que sur «la situation humanitaire en constante aggravation en Syrie et dans les pays voisins».

L'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant a confirmé à des journalistes que le sort de M. Brahimi avait été évoqué. Mais cette réunion avec M. Ban «n'était pas uniquement consacrée à Brahimi», a-t-il ajouté.

M. Brahimi, un diplomate algérien âgé de 79 ans, avait succédé en août 2012 à l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, lui-même démissionnaire.

M. Brahimi «songe» à démissionner face à l'enlisement de la guerre en Syrie, mais il ne devrait pas se décider avant mi-mai, a indiqué jeudi un de ses collaborateurs.

«M. Brahimi n'a pas démissionné, mais comme vous le savez, il a dit qu'il y pensait chaque jour», a déclaré ce collaborateur à l'AFP, sous couvert de l'anonymat. Il a affirmé que M. Brahimi ne devrait pas prendre de décision avant son retour à ses bureaux au Caire mi-mai.

Au cours de la réunion du P5 avec le secrétaire général, la possibilité a été évoquée que M. Ban puisse dans l'avenir «assumer un rôle plus actif» dans les efforts pour régler le conflit syrien. «L'idée est que le secrétaire général s'implique davantage par l'intermédiaire d'un des ses plus proches conseillers» qui suivrait au jour le dossier syrien, a expliqué un diplomate.

Pour sa part, M. Brahimi pourrait assumer un rôle plus général de conseiller de M. Ban pour le Proche-Orient, a ajouté ce diplomate.

Le conflit en Syrie a fait au moins 70 000 morts selon l'ONU depuis le début en mars 2011 du soulèvement contre le président Bachar al-Assad, et les deux camps sont plus loin que jamais d'une solution politique.

La Russie et l'Iran continuent de soutenir le régime syrien, tandis que les États arabes, notamment les monarchies du Golfe, appuient les rebelles.

M. Brahimi a fait l'objet de critiques à la fois de la part de l'opposition et du régime. Le régime a annoncé la semaine dernière qu'il allait cesser de coopérer avec lui en sa qualité d'émissaire de la Ligue arabe, celle-ci ayant décidé fin mars de donner le siège de la Syrie à l'opposition.