Deux cheikhs salafistes libanais ont appelé au djihad (guerre sainte) en Syrie pour défendre les habitants sunnites de la région centrale de Homs, affirmant réagir à l'implication du Hezbollah chiite qui combat aux côtés de l'armée de Bachar al-Assad, selon l'opposition.

«Nous annonçons la création des "brigades de la résistance libre"» pour aller combattre en Syrie, a affirmé Ahmad Assir, un cheikh radical de Saïda dans le sud du Liban, sous les applaudissements de ses partisans.

Il a émis une fatwa (décret religieux) «qui impose à tout musulman à l'intérieur et à l'extérieur du Liban (...) d'aller en Syrie et de défendre ses habitants et ses mosquées notamment à Qousseir et à Homs».

C'est «un devoir religieux pour tous ceux qui peuvent le faire», a-t-il souligné.

«Les premiers concernés sont les habitants des villages frontaliers (entre le Liban et la Syrie) et surtout ceux qui ont une expérience militaire», a encore dit cheikh Assir.

Ce dignitaire, connu pour ses positions hostiles au Hezbollah, a affirmé que l'appel au djihad avait été lancé après que le chef du Hezbollah Hassan «Nasrallah et ses chabbihas ont pris la décision d'entrer dans ces régions pour y massacrer les opprimés». «Chabbihas» est le terme utilisé par les opposants syriens pour désigner les miliciens pro-régime.

Des combattants d'élite du Hezbollah mènent la bataille contre les rebelles dans la zone de Qousseir frontalière du Liban et située dans la province de Homs, selon une ONG et l'opposition.

Le Hezbollah, puissant parti armé, et son parrain l'Iran sont tous deux des alliés indéfectibles du régime syrien, dirigé par le clan alaouite (branche du chiisme) de Bachar al-Assad alors que la majorité de la population syrienne est sunnite.

S'adressant aux sunnites du Liban, cheikh Assir a appelé «ceux qui ont peur d'être attaqués par le parti de l'Iran à organiser des groupes secrets et à acheter des armes afin d'être prêts si Nasrallah décide de les attaquer».

Ce dignitaire, inconnu avant la révolte en Syrie, s'est fait connaître par ses critiques virulentes du régime de Bachar al-Assad et de son allié le Hezbollah.

Dans le nord du Liban, un autre cheikh sunnite, Salem al-Rafii, a également appelé au djihad en Syrie.

«De même que le Hezbollah envoie des combattants défendre des régions chiites (...), nous aussi allons envoyer des hommes et de l'argent à nos frères sunnites à Qousseir», a-t-il dit.

«Nous demandons aussi à tous les jeunes sunnites d'être prêts, car une première vague de jeunes gens et d'armes va être envoyée pour assumer leur devoir djihadiste à Qousseir et défendre les régions sunnites», a-t-il ajouté.

Lundi, ce cheikh a ouvert la porte à ceux qui le souhaitent pour s'inscrire pour aller combattre en Syrie.

Tout en condamnant l'implication du Hezbollah dans le conflit syrien, le dirigeant sunnite du mouvement d'opposition du 14-Mars, Saad Hariri, a rejeté ces appels.

«J'appelle tous les Libanais à exprimer par tous les moyens pacifiques leur refus de participer à un tel crime, tout comme j'annonce mon rejet catégorique (...) des appels au djihad ou à la mobilisation confessionnelle», a-t-il affirmé dans un communiqué.

«Tous les Libanais savent que ces appels ne sont que le reflet de la voie criminelle empruntée par le Hezbollah et l'aident à justifier ses actions», a-t-il ajouté.

Ces appels au «djihad» à l'intention des sunnites ne vont que «pousser le Liban dans une guerre que Bachar al-Assad veut personnellement entraîner au Liban», selon lui.

Le Liban prône officiellement une politique de neutralité face au conflit chez son grand voisin mais celle-ci a été mise à mal en raison de la division du pays entre partisans et adversaires du régime de Damas.