Le régime syrien a accusé mardi les rebelles d'avoir tiré pour la première fois un missile avec une tête chimique dans la province d'Alep (nord), ce que l'opposition a démenti en rejetant la faute sur les autorités.

Pour sa part l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé qu'un missile sol-sol avait bien visé une position de l'armée à Khan al-Assal, sans pouvoir toutefois dire si l'ogive contenait des armes chimiques, faisant état de 16 soldats et de 10 civils tués.

Le ministre de l'Information Omrane al-Zohbi a qualifié d'«escalade dangereuse, le tir par des terroristes d'un missile contenant des produits chimiques à partir de Kfar Daël dans la région de Naïrab (est d'Alep) vers la région de Khan al-Assal (ouest de la métropole)».

Intervenant à la télévision, il a fait état de 16 morts et de 86 blessés, civils et militaires, s'en prenant à la Ligue arabe (...) la communauté internationale et les États qui arment, financent et hébergent les terroristes ainsi que le gouvernement (turc) d'Erdogan et le Qatar» après «ce crime perpétré par les terroristes qui ont utilisé une arme prohibée par la loi internationale.

C'est la première fois que le régime du président Bachar al-Assad porte une telle allégation contre «les terroristes», terme désignant dans le vocabulaire officiel les rebelles luttant contre le pouvoir à Damas.

En revanche les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) ont démenti ces accusations et renvoyé la responsabilité de cette attaque sur Damas.

«Nous comprenons que l'armée a visé Khan al-Assal en utilisant un missile de longue portée et nos informations initiales indiquent qu'il peut avoir contenu des armes chimiques. Il y a beaucoup de victimes et de nombreux blessés ont des problèmes de respiration», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ASL, Louaï Moqdad, qui participe à la réunion de l'opposition à Istanbul.

«Nous n'avons ni missile de longue portée, ni arme chimique», a-t-il ajouté.

Le directeur de l'OSDH, qui possède un vaste réseau d'informateurs, de militants, de médecins, a assuré que le missile sol-sol était «tombé sur un regroupement de l'armée syrienne à Khan al-Assal.

«Je ne suis pas en mesure de confirmer si ce missile contenait des matières chimiques ou pas», a dit Rami Abdel Rahmane.

Au cours des derniers mois, les rebelles se sont emparés d'importants stocks d'armes appartenant à l'armée.

La communauté internationale a multiplié les mises en garde à Damas contre le recours aux armes chimiques. Des responsables occidentaux et israéliens ont exprimé la crainte que ces armes ne tombent entre les mains de certaines factions de l'opposition.

Début mars, près de 200 soldats et rebelles avaient péri dans la bataille pour la prise de contrôle par les insurgés de l'académie de police à Khan al-Assal, à l'ouest d'Alep.

Il y a une semaine, l'armée avait lancé une contre-offensive et avait repris de grandes parties du village, selon l'OSDH.

«Ce serait un crime monstrueux», réagit Ban Ki-moon

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon «reste convaincu que l'utilisation d'armes chimiques dans n'importe quelles circonstances par l'une ou l'autre partie (en Syrie) serait un crime monstrueux», a indiqué mardi l'ONU.

Dans un communiqué rendant compte d'un entretien entre M. Ban et Ahmet Üzümcü, directeur général de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, l'ONU précise que les deux hommes «partagent une vive inquiétude à propos des informations sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie».

MM. Ban et Uzumcu ont décidé de «rester en contact étroit» à ce sujet.

Le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky avait indiqué auparavant que l'ONU «n'était pas en mesure de confirmer» ces informations.