L'Union européenne a décidé lundi de prolonger pour trois mois le régime de sanctions contre la Syrie et d'autoriser un soutien plus important à l'opposition, sans se prononcer sur une levée de l'embargo sur les armes réclamée par Londres.

La décision prise par les ministres des Affaires étrangères des 27 représente un «compromis», selon le Britannique William Hague, sur fond de profondes divergences entre les capitales sur l'opportunité d'assouplir l'embargo sur les armes à destination des rebelles.

Les Européens se donnent ainsi trois mois supplémentaires, jusqu'à fin mai, pour régler cette question, tout en renouvelant leur soutien à la Coalition de l'opposition syrienne.

Le paquet de sanctions prises depuis deux ans par l'UE vise des personnalités du régime de Bachar al-Assad et des entités et comprend également des embargos sur les armes et le pétrole, ainsi qu'une série de sanctions commerciales et financières.

Il a été amendé afin de «fournir un soutien non létal plus important et une assistance technique pour la protection des civils», selon les conclusions de la réunion.

«Il ne s'agit pas d'un soutien militaire», a expliqué Catherine Ashton, le chef de la diplomatie de l'UE. «Il s'agit d'offrir le meilleur soutien à la protection des civils», a-t-elle ajouté.

Elle n'a pas précisé quelle forme pouvait prendre ce soutien, indiquant que des experts européens allaient fixer son cadre légal afin qu'il soit acceptable pour toutes les capitales européennes.

Il pourrait autoriser la livraison de moyens de protection, comme des casques, des moyens de financement ou d'entraînement, selon une source diplomatique.

«Nous aurions voulu aller plus loin, mais certains étaient contre», a expliqué M. Hague. «Nous y reviendrons dans trois mois».

Son homologue français, Laurent Fabius, a salué une décision qui représente «un soutien supplémentaire» à la Coalition et qui a été prise «conformément à la demande» du président de l'opposition, Ahmed Moaz al-Khatib.

Une majorité de pays européens ont exprimé leur opposition à une levée, même partielle, de l'embargo sur les armes, en mettant en garde contre le risque d'une militarisation accrue du conflit.

«Il n'y a pas pénurie d'armes en Syrie, bien au contraire», a ainsi déclaré le Luxembourgeois Jean Asselborn.

«Le but n'est pas de combattre des djihadistes au Mali pour fournir des armes aux djihadistes en Syrie», a ajouté son collègue belge Didier Reynders, en faisant référence à la présence de militants islamistes radicaux parmi les combattants.

Dans leur déclaration, les chefs de la diplomatie ont surtout mis l'accent sur l'importance de l'initiative prise par M. Khatib de lancer, sous condition, des discussions avec des membres du régime Assad.

Ils ont appelé «les représentants du régime syrien à ne pas laisser passer l'opportunité et de répondre positivement à l'offre de dialogue politique» proposée par le chef de la coalition.