Les troupes du régime de Bachar al-Assad et les rebelles étaient engagés vendredi dans des combats autour des aéroports d'Alep, enjeu majeur de la guerre dans le nord de la Syrie où se multiplient les rapts à caractère confessionnel.

Sur le plan politique, l'opposition a réaffirmé son refus de négocier avec le président Assad et les piliers de son régime, après l'offre de son chef Ahmed Moaz al-Khatib de dialoguer avec des représentants du pouvoir n'ayant pas de sang sur les mains.

Alors que les violences ont encore fait au moins 107 morts (32 civils, 42 rebelles, 33 soldats) selon une ONG syrienne, les groupes rebelles concentrent leur action sur les aéroports et bases en vue de neutraliser la puissance de feu aérienne du régime, son principal atout dans sa guerre contre les rebelles.

Ces derniers bien moins équipés ont progressé ces derniers jours sur le front d'Alep, contrôlant l'aéroport militaire de Jarrah et assiégeant l'aéroport de Mingh.

Ils se sont surtout emparés de la base 80, chargée de la sécurité de l'aéroport d'Alep et de celui de Naïrab. Les combats se sont soldés par la mort de 150 soldats et rebelles, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui s'appuie sur un réseau de militants et de médecins.

«Les rebelles tentent de prendre Naïrab et de détruire le tarmac de l'aéroport international d'Alep, utilisé à des fins militaires par les forces du régime», selon l'OSDH. De son côté, «le régime prépare une vaste opération pour reprendre la base 80».

Des insurgés islamistes ont réussi à capturer dans la journée une base aérienne de Hassel, à l'est de l'aéroport d'Alep, mettant la main sur les munitions.

Recrudescence des rapts

Dans le nord-ouest du pays, le phénomène des enlèvements s'est amplifié, avec plus de 100 civils enlevés jeudi par divers groupes armés dans la région d'Idleb, selon l'OSDH, qui dit craindre des rapts «à caractère confessionnel».

Plus de 70 personnes originaires de villages sunnites ont été enlevées par des groupes pro-régime, après qu'une quarantaine de civils, notamment des femmes et des enfants, venant de villages chiites ont été kidnappés par un groupe armé, d'après l'organisation.

La majorité des rebelles combattant le régime sont des sunnites, tandis que le clan au pouvoir et ses partisans sont des alaouites, une branche du chiisme.

Dénonçant l'«inaction» de la communauté internationale alors que leur pays s'enlise dans le chaos, les Syriens anti-régime ont manifesté comme chaque vendredi dans le pays et clamé leur soutien aux rebelles.

De son côté, la télévision officielle a montré des images d'une manifestation de dizaines de personnes pro-régime dans des quartiers d'Alep.

Face au bain de sang qui a fait 70.000 morts en 23 mois selon l'ONU, l'opposition a refusé une fois de plus toute négociation avec M. Assad qui s'accroche au pouvoir malgré les appels répétitifs à son départ.

«Bachar al-Assad et le commandement sécuritaire et militaire responsable des décisions qui ont mené le pays à la situation actuelle, ne font pas partie du processus politique ni d'aucune solution en Syrie», a affirmé la Coalition vendredi.

Fin janvier, M. Khatib avait affirmé qu'«en signe de bonne volonté», il était «prêt à des discussions directes avec des représentants du régime».

Pour leur part, les autorités syriennes ont dénoncé dans un message adressé à l'ONU le rôle «destructeur de la Turquie», pays qui soutient les rebelles,  accusant son voisin d'abriter les «terroristes du réseau Al-Qaïda».

Alors que la Russie reste l'un des derniers soutiens du régime auquel elle livre des armes, du matériel militaire venant de Russie à destination de la Syrie a été saisi dans un navire à Helsinki, selon les douanes finlandaises.