Lundi a été une journée particulièrement sanglante pour les enfants de Syrie : selon une ONG, vingt-et-un d'entre eux ont péri sous les bombes à Damas et à Alep, régime et rebelles s'accusant mutuellement d'être responsables de leur décès.

Cette tragédie survient le jour où une cinquantaine de pays doivent réclamer au Conseil de sécurité de l'ONU, profondément divisé, de saisir la Cour Pénale Internationale (CPI) des crimes commis lors des 22 mois de conflit dans ce pays.

Alors que le conflit a déjà fait 60 000 morts selon l'ONU, les médias officiels syriens ont étrillé à nouveau l'émissaire Lakhdar Brahimi, un «touriste âgé» qui devrait selon eux laisser les Syriens «tranquilles» s'il n'a pas de solution à proposer.

Les autorités ont lancé une campagne de dénigrement à l'encontre du diplomate algérien de 79 ans après ses critiques contre le plan de règlement proposé le 6 janvier par M. Assad qui a rejeté tout départ du pouvoir.

Les troupes menaient lundi de nouvelles opérations notamment près de Damas, où se concentrent désormais raids et combats.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins, huit enfants, âgés de six mois à 14 ans, et cinq femmes ont été tués dans des raids de l'aviation du régime sur Mouadamiya al-Cham, une localité au sud-ouest de Damas.

Des vidéos mises en ligne par des militants montrent des corps ensanglantés ensevelis dans des décombres d'immeubles éventrés.

Mais les médias officiels ont accusé les rebelles d'avoir tiré des roquettes sur les habitations à Mouadamiya al-Cham, entraînant la mort de plusieurs femmes et enfants.

Trois autres enfants, dont deux d'une même famille, âgés de 6 et 7 ans, ont été tués par d'autres bombardements de l'armée autour de Damas et six enfants ont notamment trouvé la mort à Alep (nord), selon l'OSDH.

Au total, 54 personnes ont été tuées lundi selon un bilan provisoire de l'organisation basée en Grande-Bretagne.

Le viol, première raison de l'exil des femmes

L'OSDH a recensé plus de 3500 enfants tués depuis mars 2011. Dimanche, 16 d'entre eux avaient péri, selon l'ONG.

Face à l'escalade continue, la Suisse doit envoyer lundi au Conseil de sécurité une pétition signée par 57 pays, dont des États européens, réclamant la saisie de la CPI. La Syrie n'ayant pas adhéré à cette cour, il faut une intervention du Conseil de sécurité pour qu'elle soit saisie.

Après avoir accusé l'armée de l'air de larguer des bombes à sous-munitions, Human Right Watch a affirmé que les troupes au sol utilisaient désormais également ces armes bannies par une Convention internationale que Damas n'a pas ratifiée.

Mais un danger supplémentaire guette les femmes dans la guerre civile : le viol, désormais principale raison de leur exil selon l'organisation International Rescue Committee.

«Beaucoup de femmes et de filles ont raconté avoir été attaquées en public ou chez elles, en général par des hommes armés. Ces viols, parfois collectifs, se déroulent souvent sous les yeux de membres de la famille», rapporte l'ONG.

Les victimes qui survivent à ces attaques en parlent rarement en raison «des normes sociales et du déshonneur que représente le viol pour les (victimes) et leur famille», selon elle.

Le conflit a poussé à la fuite des centaines de milliers de Syriens dont plus de 600 000 sont enregistrés auprès de l'ONU. La Ligue arabe va envoyer une mission en Irak, en Jordanie et au Liban pour évaluer les besoins de ces pays d'accueil avant un sommet des donateurs fin janvier à Koweït.

Dans un autre pays frontalier, la Turquie, un obus tiré depuis la Syrie s'est écrasé sans faire de victime, selon les télévisions locales, alors que l'OTAN annonçait que les missiles Patriot en cours de déploiement dans le pays seraient opérationnels début février, voire plus tôt.