Le régime syrien perd «de plus en plus» le contrôle du pays et une victoire de l'opposition dans ce conflit n'est pas à exclure, a estimé jeudi un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, alors que le grand Damas a été secoué par un nouvel attentat qui a fait au moins 16 morts.

«Il faut regarder les choses en face. Le régime et le gouvernement syriens perdent de plus en plus le contrôle du pays», a déclaré M. Bogdanov, cité par l'agence Itar-Tass.

En conséquence «une victoire de l'opposition n'est évidemment pas à exclure», a-t-il ajouté.

C'est la première fois qu'un haut responsable russe reconnaît de manière aussi explicite une possible victoire des opposants au régime de Bachar al-Assad, dont Moscou est l'un des derniers soutiens.

«Néanmoins, Moscou va insister pour faire appliquer le communiqué de Genève et chercher une solution pacifique au conflit», a souligné M. Bogdanov.

Le vice-ministre faisait référence à l'accord sur les principes d'une transition politique en Syrie adopté le 30 juin à Genève par le Groupe d'action sur la Syrie.

M. Bogdanov a par ailleurs estimé que la reconnaissance cette semaine de la nouvelle coalition de l'opposition syrienne par les États-Unis - qui ont emboîté le pas à d'autres pays comme la France ou la Turquie - n'avait fait qu'encourager les détracteurs du régime.

«La reconnaissance de l'opposition, la formation de combattants rebelles et les armes venant de l'étranger ne font qu'encourager l'opposition», a déclaré M. Bogdanov, cité par l'agence Ria Novosti.

Il a aussi indiqué que la Russie préparait un plan d'évacuation de ses ressortissants en Syrie.

«Nous examinons actuellement une éventuelle évacuation. Nous avons des plans de mobilisation et essayons de déterminer où se trouvent nos ressortissants», a déclaré M. Bogdanov.

Mercredi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait estimé que les États-Unis «misaient sur une victoire par les armes» de la nouvelle coalition de l'opposition syrienne après avoir reconnu cette entité comme «représentant légitime du peuple syrien».

La Russie, qui continue d'appeler au «dialogue syrien» en vue de trouver une issue pacifique au conflit, vend des armes à Damas tout en se défendant d'être l'avocat du régime de Bachar al-Assad, comme l'a rappelé le président Vladimir Poutine lors d'une visite en Turquie le 3 décembre.

La Russie a bloqué jusqu'ici tous les projets de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant le régime du président Assad.

Le régime «se rapproche de l'effondrement»



Le régime syrien «se rapproche de l'effondrement», qui «n'est qu'une question de temps», a déclaré jeudi le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen.

«Je pense que le régime de Damas se rapproche de l'effondrement, je pense que ce n'est qu'une question de temps. J'exhorte le régime à mettre fin aux violences, à réaliser quelle est la situation aujourd'hui et à engager un processus pour satisfaire les demandes légitimes du peuple syrien», a déclaré M. Rasmussen au cours d'un point de presse.

Il a par ailleurs «condamné avec force» le tir de «plusieurs missiles à courte portée» en Syrie «plus tôt dans la semaine». «L'utilisation de tels armements aveugles démontre le peu de cas que fait le régime de la vie des Syriens», a-t-il ajouté.

«Les missiles ont été tirés à l'intérieur de la Syrie et ont frappé le territoire. Aucun pays voisin n'a ainsi été touché», a précisé M. Rasmussen après s'être entretenu au siège de l'OTAN avec le premier ministre néerlandais, Mark Rutte.

«Nous ne pouvons confirmer les détails techniques des missiles, mais des indications font état de missiles de type Scud», a ajouté le secrétaire général.

Une question de semaines selon Bagdad



La chute du régime de Bachar al-Assad pourrait n'être qu'une question de «semaines», a déclaré jeudi à l'AFP le ministre irakien des Finances, dont le pays a jusqu'ici évité toute prise de position publique au sujet du conflit syrien.

«Il y a une réelle accélération concernant l'attention portée à la Syrie par la communauté internationale (...), une véritable inquiétude au sujet de l'utilisation d'armes chimiques» a affirmé le ministre, Rifaa al-Issawi, en marge d'une réunion avec le Fonds monétaire international à Amman.

«J'ai personnellement l'impression que (...) les changements (en Syrie) auront lieu d'ici peu», a ajouté M. Issawi.

«Je crois, personnellement (que c'est une question) de semaines», a-t-il précisé relevant qu'«à présent les combats ont lieu aux alentours de l'aéroport de Damas (...) on a l'impression qu'il y a une accélération».

Le ministre irakien, de confession sunnite comme la majorité des rebelles syriens, a également estimé que les combats dans la région de Damas étaient une indication que le changement pouvait être proche, notant une accélération des efforts internationaux visant le régime du président Assad.