L'artillerie et l'aviation syriennes ont bombardé mercredi la périphérie de Damas où de violents combats continuaient d'opposer soldats et rebelles, tandis que la chaîne américaine NBC a affirmé que des bombes destinées à être larguées avaient été chargées avec du gaz sarin.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé toutes les parties à arrêter «immédiatement» les combats et a de nouveau écrit au président Bachar al-Assad pour l'avertir que l'utilisation d'armes chimiques serait un «crime scandaleux aux conséquences désastreuses».

L'OTAN et des pays occidentaux ont jugé inacceptable la perspective de voir le régime Assad utiliser ses armes chimiques contre la rébellion, après qu'un responsable américain a affirmé lundi que Damas mélangeait les composants nécessaires à la militarisation du gaz sarin, un neurotoxique mortel.

Selon la chaîne américaine NBC citant «des responsables américains» s'exprimant sous couvert d'anonymat,  l'armée syrienne a chargé avec du gaz sarin des bombes destinées à être larguées par avion. À ce stade, les «bidons» chargés des précurseurs de ce neurotoxique mortel n'ont pas été fixés sous les ailes des appareils et le président syrien n'a pas donné l'ordre d'y recourir, ajoute NBC.

Face à la poursuite de l'escalade, la Hongrie a fermé son ambassade à Damas et évacué ses diplomates.

Dans le nord de la Syrie, le consul honoraire du Maroc à Alep, Mohamed Alaeddine Kiyali, a été tué mardi soir par des «hommes armés» alors qu'il sortait d'un hôtel en compagnie de certains de ses amis, a annoncé l'agence marocaine MAP, précisant que l'attaque avait fait un deuxième mort.

La banlieue de Damas est désormais au coeur des combats, le régime ayant lancé il y a près d'une semaine une opération militaire pour reconquérir un rayon de huit kilomètres autour la capitale, qu'il veut à tout prix conserver pour être en position de négocier une issue au conflit, selon les experts.

Le journal officiel Al-Watan a rapporté que «l'armée a continué de poursuivre les groupes armés aux abords de la route de l'aéroport international (...) tuant et blessant des dizaines de terroristes», terme par lequel Damas désigne les rebelles.

Dans la province d'Idleb (nord-ouest), les attaques meurtrières se sont poursuivies contre l'armée alors que dans la province de Raqa (nord), pilonnée par l'aviation, le vice-gouverneur et huit membres de son bureau ont démissionné pour protester contre les ingérences des renseignements dans leur travail, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Sur la côte, deux navires de guerre russes sont arrivés au port de Tartous pour se ravitailler dans cette seule implantation navale russe en Méditerranée, selon l'état-major russe.

Moscou est un grand allié de Damas, qui lui fournit également des armes.

Concernant l'arsenal syrien, la Turquie, où l'OTAN va déployer prochainement des Patriot, a affirmé que Damas disposait d'environ 700 missiles sol-sol de différentes portées, assurant en connaître précisément les emplacements.

Avec la volonté d'aider davantage l'opposition au régime de Damas, Washington a annoncé la présence de la secrétaire d'État Hillary Clinton à la réunion internationale des «Amis du peuple syrien» le 12 décembre à Marrakech.

À la frontière est du pays, un nouvel obus de mortier tiré à partir du territoire syrien s'est abattu par erreur sur la partie du plateau du Golan occupée par Israël, sans faire ni victime ni dégâts, selon l'armée israélienne.

Au Liban, très divisé sur le conflit qui déchire l'ancienne puissance tutélaire, sept personnes ont péri depuis mardi à Tripoli (nord) lors d'accrochages entre habitants alaouites, partisans de M. Assad, et sunnites hostiles à son régime, selon une source de la sécurité.

Ces violences ont éclaté après que l'armée syrienne a tué vendredi sur son sol 22 jeunes sunnites venus du Liban combattre aux côtés des rebelles. Damas a accepté de rapatrier leurs corps.

Au total, depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire devenue conflit armé face à la répression, plus de 41.000 personnes ont péri en Syrie, selon l'OSDH qui s'appuie sur un large réseau de médecins et de militants.

Mercredi, 75 personnes ont trouvé la mort en majorité des civils alors que des dizaines de personnes périssent tous les jours dans les violences.