Les Nations unies ont décidé de suspendre leurs opérations en Syrie et d'en retirer leur personnel international «non essentiel» en raison de la dégradation des conditions de sécurité, a indiqué lundi le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky.

Une agence de presse de l'ONU avait auparavant annoncé le départ dès cette semaine de 25 personnes sur la centaine que compte ce personnel international.

Selon l'IRIN, qui dépend du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), l'ONU a aussi décidé de retirer certaines de ses agences de la ville d'Alep (nord), théâtre de combats entre l'armée syrienne et les opposants.

L'ONU, qui dispose au total d'un millier de collaborateurs internationaux et locaux en Syrie, maintiendra une présence avec du personnel local dans chaque grande région de Syrie, outre Damas.

«La situation de sécurité est devenue extrêmement difficile, y compris à Damas», a déclaré Radhouane Nouicer, coordinateur de l'aide humanitaire en Syrie, cité par l'IRIN.

L'ONU va aussi déplacer certains de ses bureaux situés dans des parties de Damas trop exposées, stocker de l'eau et des denrées non périssables et préparer des plans d'évacuation.

Les combats se sont étendus récemment aux abords de l'aéroport de Damas, où les vols ont dû être suspendus, et les liaisons téléphoniques et internet ont été interrompues pendant 48 heures.

Vendredi, un convoi de l'ONU qui quittait l'aéroport de Damas a été la cible de tirs d'origine indéterminée, qui n'ont pas fait de blessés.

Le convoi faisait partie de la Force de l'ONU chargée de surveiller la zone démilitarisée entre les forces syriennes et israéliennes sur le Golan (UNDOF). Deux soldats autrichiens de l'UNDOF avaient déjà été blessés la veille par des tirs au moment où leur convoi se dirigeait vers l'aéroport.

Selon un responsable de la sécurité de l'ONU en Syrie, Sabir Mughal, «la situation est en train de changer de manière significative» dans le pays : «Les risques augmentent pour les humanitaires en raison des tirs aveugles et des affrontements.»

Huit employés de l'ONU ont été tués en Syrie depuis le début de la crise en mars 2011, selon l'IRIN. Dix-huit volontaires du Croissant-Rouge syrien - qui distribue l'essentiel de l'aide humanitaire - ont aussi été tués, dont sept dans l'exercice de leur mission.

Selon M. Mughal, l'ONU a besoin de davantage de véhicules blindés. Elle en a actuellement 48, mais beaucoup sont hors d'état et les pièces détachées mettent parfois des mois à arriver.

Selon l'IRIN, l'ONU a renoncé à utiliser les routes allant de Damas à Homs et de Homs à Alep, considérées comme trop dangereuses, et la plupart des 156 déplacements par la route effectués en novembre ont eu pour but d'emmener du personnel à l'aéroport ou aux frontières libanaise et jordanienne.

Selon Kate Newton, responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) pour la Syrie, le PAM va utiliser davantage de véhicules blindés pour continuer à distribuer de la nourriture en Syrie.

Le porte-parole de la diplomatie syrienne fait défection

Le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères Jihad Makdissi a quitté son poste et s'est rendu lundi à Londres à partir de Beyrouth, a affirmé l'Obervatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

«Il a été poussé à la démission par l'entourage du président, mais pas par le président lui-même, et il est parti lundi pour Londres avec sa famille via l'aéroport de Beyrouth», a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. «Ces gens étaient jaloux de sa notoriété, car il passait souvent sur les télévisions étrangères».

«M. Makdissi a été relevé de ses fonctions après avoir improvisé des déclarations sortant du cadre officiel syrien», a rapporté de son côté la chaîne Al-Manar, organe du Hezbollah libanais, proche du régime syrien.

Les médias officiels syriens n'ont pour le moment pas fait état d'informations concernant M. Makdissi.

Chrétien de Damas, M. Makdissi avait fait sa thèse sur les médias à Londres tout en travaillant à l'ambassade. Il avait été appelé à Damas au début de la contestation pour devenir le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Ces derniers temps, il était contesté par les responsables des médias à la présidence et par des membres du cabinet du ministère. Il avait confié à ses amis ces dernières semaines son exaspération, mais gardait toujours son affection pour le président Bachar al-Assad.

S'exprimant parfaitement en arabe, anglais et français, père de deux enfants, sa famille résidait à Beyrouth, et il venait la voir le week-end, selon ses amis.

PHOTO REUTERS

Le porte-parole de la diplomatie syrienne Jihad Makdissi.