L'armée syrienne bombardait dimanche les alentours de Damas, la bataille en Syrie se concentrant désormais aux abords de la capitale d'où le régime est déterminé à chasser les rebelles.

Si dans le nord et l'est du pays les insurgés progressent sensiblement, de larges zones échappant désormais totalement au régime, l'armée défend pied à pied tous les secteurs attaqués sur un axe reliant le sud au nord-ouest alaouite, en passant par Damas et sa région.

Ainsi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les rebelles se sont emparés samedi d'une «grande partie» de l'aéroport militaire de Marj el-Soltane, à 15 km à l'est de Damas, mais les combats, qui ont déjà tué 16 soldats et 31 rebelles, se poursuivaient dimanche.

L'armée pilonnait la plupart des localités environnantes.

Les rebelles sont toutefois parvenus à détruire deux hélicoptères utilisés par l'armée pour mitrailler villes et villages alentour de la Ghouta orientale, selon l'OSDH.

Les rebelles ont installé leurs bases arrière dans cette région de vergers entourant la capitale, où combats et bombardements se poursuivaient dimanche.

Les médias officiels affirment que les troupes gouvernementales y abattent chaque jour de nombreux «terroristes», terme par lequel les autorités désignent les rebelles.

Ils se sont aussi fait l'écho d'informations sur une vaste opération visant à reprendre définitivement la capitale où des poches de résistance rebelle tiennent tête à l'armée.

Ce qui n'a pas empêché les rebelles de prendre dans la province de Damas le contrôle d'un camp d'entraînement du Front populaire de libération de la Palestine-commandement général (FPLP-CG), un groupe palestinien prosyrien, selon l'OSDH.

Rencontre Medvedev-Hollande

Dans la province de Deraa (sud), où ils avaient attaqué en vain samedi un camp de gardes-frontières proche de la Jordanie, cinq personnes ont été tuées dimanche dans l'explosion d'un bus, selon l'OSDH, qui n'a pas précisé les circonstances.

Dans le nord, les insurgés se sont attaqués aux soldats stationnés sur le barrage stratégique de Tichrin, sur l'Euphrate, entre les provinces d'Alep et Raqa, et dans l'est, ils ont encerclé dimanche l'aéroport militaire de Deir Ezzor dans des combats qui ont tué quatre des leurs et un civil.

Selon un bilan provisoire de l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales, 55 personnes ont péri dimanche, dont 28 à Damas et dans sa province.

Au total, plus de 40 000 personnes ont péri en 20 mois de violences en Syrie, selon l'OSDH.

Sur le front diplomatique, le président français François Hollande reçoit mardi à Paris le premier ministre russe Dmitri Medvedev, l'occasion de tenter d'infléchir la position russe dans le dossier syrien, sérieux point de friction bilatéral.

«Il y a une divergence majeure», a reconnu l'ambassadeur russe en France, Alexandre Orlov. «Les Occidentaux disent qu'il faut commencer par le départ de Bachar al-Assad, et nous, nous disons qu'il faut en terminer par là».

L'idée, lancée récemment par Paris, de livrer des «armes défensives» à la nouvelle Coalition de l'opposition syrienne, a irrité les Russes selon qui il s'agit d'une «violation grossière» du droit international.

Autre rencontre entre deux puissances divergeant sur la Syrie: le président du Parlement iranien Ali Larijani s'est entretenu samedi à huis clos à Istanbul avec le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, sans qu'aucune information ne filtre sur la teneur de ces discussions.

La Turquie, qui a demandé à l'OTAN de déployer des missiles de défense Patriot le long de sa frontière avec la Syrie, est un fervent soutien de la rébellion, tandis que Téhéran soutient le président Assad, qui a reçu M. Larijani vendredi à Damas.

Un camp contrôlé par les rebelles

En outre, les rebelles syriens ont pris le contrôle dimanche d'un camp d'entraînement dépendant d'un groupe palestinien favorable au régime syrien, dans la province de Damas, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ce camp dépend du Front populaire de libération de la Palestine-commandement général (FPLP-CG) d'Ahmad Jibril.

«Les rebelles contrôlent entièrement le camp situé dans la région d'al-Rayhane à Douma, qu'ils ont pris après de violents combats avec les gardiens commencés la veille», a indiqué l'OSDH, basé en Grande-Bretagne, qui s'appuie sur un réseau de militants en médecins en Syrie.

Le FPLP-CG a condamné l'attaque de groupes armés sur ce camp, affirmant que «depuis 30 ans, cette base servait de point de départ des opérations de combattants palestiniens contre l'ennemi sioniste».

L'agence officielle syrienne Sana, citant un responsable non identifié, a indiqué que l'attaque contre ce camp était l'oeuvre d'un groupe «terroriste armé instrumentalisé par le Mossad», les services secrets israéliens.