Les composantes de l'opposition syrienne ont signé dans la nuit de dimanche à lundi, après d'intenses pressions occidentales et arabes, un accord pour constituer une coalition forte et unie appelée à accélérer la chute du régime de Bachar al-Assad.

En Syrie, les combats faisaient rage entre rebelles et soldats pour le contrôle de villes clés notamment près de la frontière turque, et l'aviation syrienne a mené des frappes contre plusieurs secteurs du Nord-Est près de l'Irak.

Les combats ont débordé au sud du pays, où un obus de mortier syrien est tombé dans la partie du Golan occupée par Israël, poussant l'armée israélienne à tirer des coups de semonce en direction de la Syrie, premier incident du genre depuis près de 40 ans, selon des sources militaires israéliennes.

Après d'épuisantes négociations menées depuis jeudi sous l'égide du Qatar et de la Ligue arabe, les formations de l'oppposition ont signé un accord sur la formation d'une «coalition nationale» élargie.

«Il s'agit d'un pas important sur la voie de la chute du régime», a affirmé Riad Hijab, ancien Premier ministre syrien qui a fait défection en août.

L'accord répond aux voeux de pays arabes et occidentaux de voir l'opposition unie au sein d'une instance exécutive susceptible de traiter avec la communauté internationale et de canaliser les aides.

Il a été signé par cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib, qui venait d'être élu président de cette «Coalition nationale syrienne des forces de l'opposition et de la révolution», et Georges Sabra, chef du Conseil National Syrien (CNS), qui en devient la principale composante.

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, et le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, assistaient à la signature.

«Aujourd'hui, nous vous demandons de surmonter vos divergences, et nous tenterons pour notre part d'obtenir une reconnaissance» arabe et occidentale de la coalition en tant qu'«unique représentant légitime des Syriens», a dit cheikh Hamad.

Le CNS, qui craignait d'être marginalisé, a été soumis à d'intenses pressions arabes et internationales pour l'amener à lever ses réserves.

Dans un discours, cheikh Al-Khatib, un religieux modéré originaire de Damas, a affirmé dans un discours que le peuple syrien faisait l'objet «d'une extermination systématique» et a appelé la communauté internationale à l'aider pour parvenir à la chute du régime.

Quant à Georges Sabra, il s'est demandé «pourquoi les Syriens avaient le sentiment d'être abandonnés» par la communauté internationale.

«Nous n'avons pas seulement besoin d'argent et de pain, nous avons besoin d'armes pour nous défendre», a-t-il ajouté.

L'opposant Riad Seif, un ancien député à l'origine de l'initiative d'unification de l'opposition, et le militant Souheir Atassi, qui a joué un rôle dans la coordination du soulèvement à l'intérieur de la Syrie, ont été élus vice-présidents de la nouvelle coalition.

Longtemps considéré par la communauté internationale comme un «interlocuteur légitime», le CNS était de plus en plus critiqué pour son manque de représentativité, en particulier par l'administration américaine.

Frappes aériennes dans le nord

Sur le terrain, l'aviation a mené une série de raids contre la ville frontalière de Boukamal, près de l'Irak, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Des hélicoptères ont en outre bombardé la localité de Mayadine, tandis que des quartiers de Deir Ezzor étaient visés par des obus, a ajouté l'OSDH. Des combats faisaient également rage près de Rass al-Aïn (nord-est), près de la frontière turque.

Dans la banlieue de Damas, des combats ont éclaté à Harasta et des obus sont tombés sur Yalda (sud). Les Comités locaux de coordination (LCC), un groupe de militants, ont fait état d'intenses tirs d'artillerie du régime contre les régions au sud-ouest de Damas.

«L'armée et les forces de sécurité ont commencé une opération de nettoyage de la province de Damas, qui devrait s'achever dans quelques jours», selon le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, en soulignant que «des milliers de terroristes» avaient «vainement tenté de pénétrer dans la capitale».

Le régime qualifie de «terroristes» les opposants et les rebelles qui luttent contre le régime.

A Alep, des obus de mortier sont tombés sur les quartiers rebelles et des affrontements violents ont éclaté dans d'autres secteurs, selon l'OSDH et des habitants. Plus à l'ouest, l'OSDH a fait état de bombardements sur Maaret al-Noomane, ville clé tenue par les rebelles, après la prise par l'armée de villages proches.

Au total, au moins 64 personnes -- 25 civils, 16 soldats et 23 rebelles -- ont péri dimanche à travers la Syrie, selon un bilan provisoire de l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales dans les hôpitaux civils et militaires de Syrie. Au total, les violences ont fait plus de 37 000 morts depuis le début de la crise en mars 2011, selon la même source.