Deux nouveaux attentats à la voiture piégée ont secoué la région de Damas, en proie mardi aux raids aériens, au lendemain d'une journée particulièrement meurtrière en Syrie, avec près de 250 personnes tuées, dont une centaine de membres des forces pro-régime.

Au moins dix civils ont péri et une quarantaine ont été blessés, dont certains grièvement, lors de l'explosion mardi de trois bombes dans une banlieue proche de Damas, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'attaque a eu lieu à Qudsaya, à 7 kilomètres à l'ouest de la capitale, dans le quartier populaire d'Al-Wouroud, qui abrite des résidences de membres de la garde républicaine, a précisé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

L'agence de presse officielle Sana a fait état pour sa part d'un «attentat terroriste» ayant visé un lieu «habituellement très fréquenté par les civils» dans la banlieue ouest de Damas, «faisant un nombre de morts et de blessés» ainsi que «d'importants dégâts matériels».

Une journaliste de l'AFP a entendu les sirènes des ambulances qui se rendaient sur les lieux de l'explosion.

Au Qatar, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition en pleine restructuration, examine la création d'une nouvelle direction politique de l'opposition, proposée par l'un de ses vétérans, Riad Seif.

Le régime, dont l'aviation a l'entière maîtrise du ciel face à des rebelles équipés d'armes légères, semble décidé à mettre à profit son principal atout, multipliant récemment les raids aériens particulièrement meurtriers.

Les hommes à bord de ses hélicoptères, qui jusqu'alors tiraient à la mitrailleuse lourde, lâchent désormais sur des zones d'habitations des barils remplis d'explosifs qui provoquent d'énormes dégâts.

Et le ballet de ses chasseurs-bombardiers s'est accéléré, notamment dans le nord-ouest syrien, où l'un d'eux a tué lundi 22 civils dans la seule localité de Kafr Nabal, selon une ONG syrienne.

De leur côté, les rebelles, appuyés par des groupes islamistes, dont le Front Al-Nosra qui a connu une ascension fulgurante en Syrie, ont infligé de lourdes pertes aux forces pro-régime en recourant aux attentats.

Une voiture piégée conduite par un kamikaze d'Al-Nosra a ainsi tué lundi au moins 50 combattants pro-régime dans le centre du pays, tandis qu'une bombe tuait 13 civils à Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'OSDH.

Les violences ont fait mardi 30 morts, pour moitié des civils, selon un bilan provisoire de l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de médecins dans les hôpitaux civils et militaires.

Lundi, selon cette organisation, 247 personnes ont péri à travers la Syrie, dont 93 soldats, 68 rebelles et 86 civils. Il s'agit de la journée la plus sanglante depuis l'annonce, le 26 octobre, par l'émissaire international Lakhdar Brahimi, d'une trêve qui n'a jamais été respectée.

En près de 20 mois, plus de 36 000 personnes ont été tuées en Syrie, selon l'OSDH.

Attentat et raids aériens à Damas

Plus tôt mardi matin, une nouvelle voiture piégée a fait des blessés et provoqué d'importants dégâts matériels à Mouadamiya, près de Damas, et une autre a explosé dans la banlieue de Sayeda Zeinab, faisant des dégâts, tandis que l'aviation menait des raids sur Douma, une autre banlieue, selon l'OSDH.

Ces attentats n'ont pour le moment pas été revendiqués.

Damas, un temps éclipsée par l'ouverture fin juillet d'un front à Alep, la métropole commerçante du nord, est désormais au centre des combats, le régime tentant de la conserver pour y asseoir sa légitimité politique.

Ainsi, le quotidien al-Watan, proche des autorités, faisait état de «combats extrêmement violents entre l'armée syrienne et des bandes armées à Damas ces dernières 48 heures».

Selon le journal, les «bandes terroristes armées», terme par lequel le régime désigne les rebelles, ont tenté de s'infiltrer dans la capitale depuis ses quartiers sud, notamment Kafar Soussé, Midane, Yarmouk et Tadamoun.

«Chaque jour, plusieurs tentatives sont menées par des bandes composées de 100 à 150 membres pour pénétrer dans la capitale, mais elles ont toutes échoué», poursuit al-Watan.

À Midane, le frère du président du Parlement Jihad al-Laham a été assassiné par des «terroristes», selon la télévision officielle.

Et dans le camp palestinien de Yarmouk, plus de 30 personnes ont péri en 24 heures lors de combats et de tirs d'obus, selon des sources palestiniennes.

Le journal affirme en outre que «plus de 120 terroristes ont été tués par l'armée syrienne». Le régime utilise le terme de «terroriste» pour désigner les membres de la rébellion.

Le régime a réduit ses ambitions territoriales pour se concentrer sur Damas, le centre et le pays alaouite, dans le nord-ouest, estiment les analystes, pour lesquels l'objectif du régime est de se maintenir sur des positions pour avoir une carte entre ses mains lorsque viendra le temps des négociations.

Douze membres des forces pro-Assad tués

Au moins 12 membres des forces gouvernementales syriennes ont péri mardi dans l'explosion d'une bombe dans la province d'Idlib (nord-ouest) et une vingtaine d'autres ont été blessés, a rapporté l'OSDH.

Leurs transports de troupes et leurs blindés ont été visés par une bombe, des roquettes et des tirs à l'arme automatique, a précisé l'OSDH.

L'attaque a eu lieu dans la localité de Mahambal, où ont eu lieu trois raids aériens et où de violents combats opposaient soldats et rebelles, a ajouté l'ONG.

Lundi, les forces pro-régime avaient déjà essuyé de lourdes pertes, avec une centaine d'hommes tués à travers le pays, dont 50 dans l'explosion d'une voiture piégée dans la région de Hama (centre), selon l'OSDH.

Plus de 9000 soldats ont été tués en près de 20 mois de violences dans le pays, selon l'OSDH, mais ce bilan ne comprend pas la plupart des morts parmi les «chabbihas», les miliciens civils du régime.



L'opposition réfléchit à sa refondation


L'opposition politique tente, elle, toujours de former un front uni face au régime.

Le Conseil national syrien (CNS) a annoncé s'être élargi à 13 nouveaux groupes d'opposition, répondant aux critiques venues de Syrie et de pays étrangers l'accusant de manquer de représentativité.

Son chef, Abdel Basset Seyda, a averti que «si les massacres sauvages du régime se poursuivent, et que la communauté internationale persiste dans son attitude négative et incompréhensible», cela ne pouvait qu'encourager «les courants extrémistes».

Parallèlement, des opposants doivent se réunir jeudi, à l'appel de la Ligue arabe et du Qatar, pour se prononcer sur l'initiative de M. Seif qui propose la création d'une nouvelle instance chapeautant toute l'opposition.

Cet ancien député en exil veut ainsi «éviter un vide politique au moment de la chute du régime d'Assad» et «garantir une reconnaissance internationale».