Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a prévenu samedi que la Turquie riposterait à nouveau en cas de nouvelle violation de sa frontière par la Syrie, dont un obus avait tué cinq villageois turcs le 3 octobre, tandis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a appelé à une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU.

«De nouvelles violations de la frontière peuvent avoir lieu et nous riposterons sans hésitation si nous estimons que la sécurité nationale de la Turquie est en danger», a déclaré M. Davutoglu à Istanbul après une rencontre avec son homologue allemand Guido Westerwelle.

«Nous souhaitons bien sûr que la Syrie ne commette pas de telles violations, mais si elle en commet, la Turquie prendra toutes les mesures pour assurer sa sécurité nationale», a ajouté M. Davutoglu, répondant aux questions de journalistes.

L'armée turque répond systématiquement depuis une dizaine de jours à chaque chute d'obus syrien de son côté de la frontière. Le 3 octobre, un obus syrien a tué cinq civils turcs à Akçakale, un village turc proche de la frontière syrienne.

M. Westerwelle a redit le soutien de l'Allemagne à la Turquie, son allié au sein de l'OTAN, tout en appelant à la modération. «Nous sommes du côté de la Turquie, mais nous appelons aussi la Turquie à faire preuve de mesure», a-t-il dit, selon un diplomate allemand présent au point presse.

Le chef de la diplomatie allemande a également approuvé l'interception mercredi par la Turquie d'un avion de ligne syrien en provenance de Moscou pour vérifier sa cargaison jugée suspecte.

«Il était moralement juste pour les Turcs de faire cela», a-t-il déclaré, ajoutant en réponse à une question que «l'Allemagne aurait fait la même chose».

Toujours à Istanbul, centre d'une intense activité diplomatique samedi, le Premier ministre turc a, pour sa part, réclamé une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin aux blocages sur la crise syrienne dus au droit de véto utilisé par la Russie et la Chine.

«S'il faut attendre de savoir ce que vont dire un ou deux membres permanents (du Conseil de sécurité), alors le destin de la Syrie est vraiment en grand danger», a déclaré lors d'une conférence M. Erdogan, faisant implicitement référence à la Russie et la Chine.

La Russie, allié traditionnel de Damas, n'a cessé de dénoncer la politique d'«ingérence» occidentale et a bloqué avec la Chine toute résolution ouvrant la porte à des mesures contraignantes pour le régime syrien au Conseil de Sécurité de l'ONU. Moscou et Pékin y disposent d'un droit de veto en qualité de membres permanents.

«Il est temps de changer la structure des institutions internationales, à commencer par le Conseil de sécurité de l'ONU», a affirmé M. Erdogan, plaidant pour une évolution vers «une représentation plus large, plus juste et plus efficace».

«Le Conseil de sécurité, en ne parvenant pas à mettre en oeuvre une politique efficace par rapport aux événements en Syrie, est en train de perdre rapidement sa légitimité aux yeux des opprimés dans les autres régions du monde», a-t-il encore prévenu.

Outre leur rencontre bilatérale, M. Westerwelle et M. Davutoglu ont tous deux eu des entretiens séparés samedi avec le Secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi et le médiateur international en Syrie Lakhdar Brahimi.

M. Westerwelle a en outre discuté avec le chef du Conseil national syrien (CNS, principale coalition de l'opposition syrienne), Abdel Basset Sayda.