La Turquie a saisi mercredi une cargaison suspecte à bord d'un avion de ligne syrien intercepté lors de son vol entre Moscou et Damas, a annoncé Ankara.

«Il y a une cargaison illégale à bord de l'avion qui aurait dû être signalée» en conformité avec la réglementation de l'aviation civile, a dit le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, cité par l'agence de presse Anatolie. «Il y a des éléments à bord qu'on peut qualifier de douteux», a poursuivi le ministre sans donner de détails.

L'appareil syrien, un Airbus A-320, avait été escorté mercredi soir par deux avions F4 de l'armée de l'air turque puis forcé d'atterrir à l'aéroport d'Ankara-Esenboga pour des contrôles de sécurité, les autorités turques soupçonnant la présence d'armes et de munitions à son bord.

Il pourrait s'agir de pièces de missile selon la chaîne d'information NTV, ou de matériel de communication destiné au régime de Bachar al-Assad selon la télévision publique TRT.

L'avion de ligne transportait 35 passagers, dont 17 Russes selon l'agence Interfax.

Il a finalement été autorisé à redécoller d'Ankara à 19h30, neuf heures après avoir été intercepté, avec ses 35 passagers, a annoncé l'agence Anatolie.

«En l'état actuel des choses, l'incident ne devrait pas affecter les relations turco-russes», avait indiqué en début de soirée M. Davutoglu.

«Selon de premières informations qui sont encore à vérifier, il y a 17 citoyens russes, y compris des enfants, à bord de l'avion», avait indiqué une source au ministère russe des Affaires étrangères, précisant que des diplomates russes avaient été dépêchés à l'aéroport d'Ankara pour assurer la défense de leurs intérêts.

«L'ambassade de Russie en Turquie s'est immédiatement adressée au ministère turc des Affaires étrangères pour exiger des explications, et a posé la question de l'accès aux citoyens russes pouvant se trouver à bord de ce vol régulier Moscou-Damas», avait ajouté la source.

Selon l'agence Itar-Tass, citant le porte-parole de l'ambassade de Russie à Ankara, Igor Mitiakov, les diplomates russes s'étaient rendus à l'aéroport d'Ankara mais n'avaient pas été autorisés à voir les passagers russes de l'avion. «Les diplomates ont joint certains d'entre eux par téléphone, et s'efforcent d'obtenir un accès», avait indiqué cette source.

Selon le site de l'aéroport de Moscou-Vnoukovo, le décollage de l'avion de la compagnie aérienne syrienne, portant le n°RB442, était prévu à 15h00 locales mais s'est déroulé à 15h26.

Après l'interception de l'Airbus syrien, Ankara avait demandé aux compagnies aériennes turques d'éviter l'espace aérien syrien dans la crainte de possibles représailles, a indiqué NTV. Cet avertissement a entraîné une courte interruption du trafic aérien et des changements de cap.

La tension est à son comble entre la Turquie et la Syrie.

Depuis le bombardement du village d'Akçakale le 3 octobre, l'armée turque répond coup pour coup aux tirs syriens atteignant le territoire turc en visant des positions tenues par les troupes fidèles au président Bachar al-Assad.

La Turquie, membre de l'OTAN, a rompu avec le régime de Damas, soutient les rebelles syriens et accueille sur son sol 100 000 réfugiés syriens. Elle a renforcé sa présence militaire sur la frontière longue de 900 km avec la Syrie, déployant des batteries d'artillerie et des chars notamment.