Un attentat à la voiture piégée a visé dimanche le quartier général de la police à Damas, faisant un mort, selon les médias officiels, tandis qu'à Alep, deuxième ville du pays, des combats acharnés opposaient les forces du régime aux rebelles.

Le village turc d'Akçakale, endeuillé mercredi par des tirs venant de Syrie, a été à nouveau touché dimanche par un obus syrien, qui n'a pas fait de victime cette fois, et l'artillerie turque a aussitôt riposté, a indiqué le maire de cette localité.

À Damas, un policier a été tué dans un attentat à la voiture piégée dans la soirée dans le stationnement du quartier général de la police, dans le centre de la capitale, a annoncé l'agence officielle Sana.

Une bombe placée dans une voiture stationnée dans le stationnement du QG a explosé, selon la même source.

Un attentat contre le siège de l'état-major syrien à Damas a été mené le 26 septembre et revendiqué par les groupes jihadistes, le Front al-Nosra et «Tajamo Ansar al-islam» (Rassemblement des partisans de l'islam).

Selon les autorités, quatre gardiens du complexe ont été tués dans l'attaque, mais tous les commandants militaires en sont sortis indemnes.

Le Front al-Nosra a revendiqué la plupart des attentats suicide commis depuis le début du soulèvement en Syrie en mars 2011 contre le régime de Bachar al-Assad, dont un à Damas en mai dernier qui avait coûté la vie à 55 personnes.

Ailleurs dans le pays, les rebelles syriens, qui contrôlent de larges secteurs du nord du pays frontalier de la Turquie, continuent d'opposer une forte résistance aux forces loyalistes dans leurs bastions, soumis à de violents bombardements à l'artillerie lourde et aérienne.

Pires combats

À Alep, deuxième ville du pays et enjeu d'une bataille cruciale depuis la mi-juillet, des combats acharnés opposaient rebelles et armée dans plusieurs quartiers dont certains étaient pilonnés par l'artillerie du régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH°.

«Ce sont les pires combats que nous ayons connus depuis le début de la bataille d'Alep», le 20 juillet, a affirmé à l'AFP un habitant.

Selon l'un des principaux commandants de la rébellion dans la ville, Abou Fourat, l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) a repris dimanche à l'armée gouvernementale le contrôle de la caserne Hanano, objet d'une féroce bataille il y a trois semaines.

«Nous venons de reprendre en fin de matinée à l'armée d'Assad la caserne d'Hanano», a affirmé à l'AFP le commandant d'Al-Tawhid, la principale katiba (brigade) rebelle d'Alep, rencontré sur le front.

«Ils nous ont d'abord repoussés, et puis nous avons réussi à pénétrer et à les en chasser», a-t-il ajouté.

Auparavant, une source militaire à Alep avait indiqué que les forces régulières avaient repoussé avant l'aube «une importante attaque» des rebelles contre la caserne.

L'OSDH, basée en Grande-Bretagne, a fait état d'un bilan provisoire de 107 morts dimanche dans le pays, dont 29 soldats, 25 rebelles et 53 civils, dont 11 femmes et enfants.

Obus syrien en Turquie

À Akçakale, un village turc proche d'une portion de la frontière syrienne où des affrontements sont en cours entre l'armée fidèle au régime de Damas et les rebelles syriens, un obus est tombé sans faire de victime, selon le maire de la commune cité par l'agence semi-officielle Anatolie.

L'armée a aussitôt riposté, selon lui, conformément au vote au Parlement d'une résolution autorisant le gouvernement à mener des opérations militaires en Syrie, adoptée en réaction à des tirs syriens.

Mercredi, cinq civils avaient été tués dans cette localité par des tirs venant de Syrie.

Dimanche, l'obus est tombé dans le jardin d'un bâtiment public, qui avait été au préalable évacué par les autorités, selon la chaîne d'information NTV.

Des dégâts mineurs sont à déplorer, selon Anatolie.

Jeudi, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait assuré que la Turquie n'a «pas l'intention de déclencher une guerre avec la Syrie», mais il avait toutefois appelé Damas à ne pas mettre la patience d'Ankara à l'épreuve.

L'incident survenu mercredi à Akçakale est le plus grave entre Damas et Ankara depuis la destruction d'un avion de combat turc par la défense antiaérienne syrienne en juin. Il a provoqué un brusque regain de tension et ravivé les craintes d'une propagation du conflit syrien.

La guerre déclenchée par la répression sanglante d'une contestation pacifique en mars 2011 ne montre aucun signe d'un dénouement à court terme. Les violences mettent le pays à feu et à sang, avec plus de 31 000 morts selon l'OSDH et des localités complètement détruites.

Dans un entretien télévisé samedi soir, le chef de la diplomatie turque dont le pays appelle au départ du «criminel Assad», a estimé que Farouk al-Chareh, vice-président depuis 2006, pourrait diriger une période transition.

M. Chareh, la personnalité sunnite la plus en vue au sein du pouvoir alaouite (branche du chiisme), est un homme de confiance du régime et a été pendant plus de 15 ans chef de la diplomatie.

Des informations faisant état de sa défection en août ont été démenties par le régime, mais selon des personnalités de l'opposition, il serait en résidence surveillée.