Au moins 48 personnes ont été tuées, en majorité des militaires, et des dizaines d'autres blessées mercredi dans un triple attentat à la voiture piégée à Alep, la grande ville du nord de la Syrie que se disputent depuis plus de deux mois rebelles et forces gouvernementales.

L'armée menait dans le même temps une offensive majeure dans des banlieues ouest de Damas selon une ONG et des militants, des journalistes de l'AFP rapportant un déploiement militaire inhabituel dans la zone.

Au moins 48 personnes ont été tuées et près de 100 autres blessées dans les attentats à Alep, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), précisant que « la plupart des morts et des blessés sont des membres des forces gouvernementales ».

« Les explosions ont visé un club d'officiers et des barrages de l'armée régulière », selon cette ONG basée en Grande-Bretagne.

Un responsable local a fait état de son côté d'un bilan provisoire de « 37 morts et de dizaines de blessés », dont beaucoup sont dans un état grave.

Deux voitures ont d'abord explosé à une minute d'intervalle dans deux rues proches du club des officiers donnant sur la célèbre place Saadallah al-Jabiri du centre-ville, a affirmé une source militaire à l'AFP. Une troisième a explosé à 150 mètres de la place, à l'entrée de la vieille ville, théâtre d'âpres combats ce week-end.

Les deux premières explosions ont eu lieu après des affrontements entre des rebelles et gardes du club des officiers, selon l'OSDH.

Ces attentats n'avaient pas été revendiqués en début d'après-midi.

Faisant état de « 31 morts et de dizaines de blessés », un bilan provisoire, la télévision officielle al-Ikhbariya a parlé d'attentats « terroristes ». Elle a diffusé des images d'énormes destructions sur la place, avec deux immeubles totalement effondrés et des cadavres recouverts de débris.

Depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad en mars 2011 qui s'est transformée en guerre civile, les autorités assimilent les rebelles à des « terroristes » soutenus par l'étranger.

Le correspondant de l'AFP a vu, près du club des officiers, une partie de la façade d'un hôtel détruite et les deux étages d'un café effondrés.

« Portes de l'enfer »

« On a entendu deux explosions énormes, c'est comme si les portes de l'enfer s'ouvraient », a raconté à l'AFP Hassan, un employé d'un hôtel.

« J'ai sorti des décombres un enfant de moins de dix ans qui a perdu une jambe », a indiqué de son côté un commerçant.

Dans la province de Damas, les banlieues de Qoudssaya et d'al-Hama, deux bastions rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL, composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes), ont été « bombardées par les chars de l'armée qui mène par ailleurs des arrestations et des perquisitions dans les environs », selon l'OSDH.

Selon une militante à Damas qui se fait appeler Alexia, l'armée a coupé tous les accès à ces banlieues, déjà attaquées par le passé « mais pas aussi violemment ».

Dans la banlieue voisine de Doummar, des journalistes de l'AFP et habitants ont vu dans les rues au moins trois chars et sept camions militaires ainsi que de nombreux soldats. Les automobilistes se dirigeant vers la capitale, dont des familles conduisant leurs enfants à l'école, ont été refoulés aux barrages.

Au moins quatre accès à la capitale à partir de Doummar étaient coupés, selon les journalistes.

La province de Damas ainsi que les quartiers périphériques de la capitale sont le théâtre de violents combats depuis la mi-juillet. Le quotidien officiel al-Baas a annoncé mardi la fin prochaine des opérations de sécurité dans l'ensemble de la province de Damas.

Mardi, 174 personnes, dont 101 civils, ont été tuées à travers le pays, selon l'OSDH.

« Conséquences catastrophiques »

Alors que plus de 31 000 personnes, en majorité des civils, ont péri en 18 mois selon l'OSDH, aucune issue au conflit n'est en vue en raison des profondes divisions de la communauté internationale, entre l'Occident d'une part qui réclame le départ du président Assad, et l'axe Russie-Chine-Iran, alliés indéfectibles de Damas.

Dans ce contexte, le médiateur international Lakhdar Brahimi doit retourner dans la région cette semaine dans l'espoir d'obtenir une réduction des violences.

Réitérant les inquiétudes de plusieurs responsables internationaux, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi, a mis en garde mardi contre des conséquences de la crise syrienne qui « pourraient être catastrophiques non seulement pour la Syrie, mais pour tout le monde arabe ».

Les violences en Syrie débordent régulièrement dans les pays voisins, en Jordanie, Turquie, Irak ou au Liban où des affrontements sont notamment signalés aux frontières.

Ces pays sont en outre submergés par un flot ininterrompu de réfugiés.

Le nombre de Syriens réfugiés dans les pays limitrophes a triplé ces trois derniers mois, pour dépasser le seuil des 300 000, a annoncé mardi le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés.

La semaine dernière, le HCR et d'autres organisations humanitaires ont lancé un appel conjoint à la communauté internationale pour obtenir 487 millions de dollars, destinés à aider jusqu'à 710 000 réfugiés syriens d'ici la fin de l'année.

En visite à Ankara, le numéro deux du gouvernement britannique Nick Clegg a annoncé que son pays allait aider les réfugiés syriens en Turquie à surmonter l'hiver et avait fait don pour cela d'un million de livres (1,59 million de dollars) au Croissant-Rouge turc.