Le président français François Hollande a appelé solennellement mardi à une action «urgente» de la communauté internationale pour tenter de dénouer les crises au Sahel et en Syrie, lors de sa première intervention à la tribune des Nations Unies.

«Nous avons le devoir d'agir, d'agir ensemble et d'agir vite, car il y a urgence» sur ces deux sujets, a-t-il lancé. François Hollande a appelé ses pairs à soutenir une résolution du Conseil de sécurité «pour permettre au Mali de retrouver son intégrité territoriale». L'ONU doit aussi, selon lui, «protéger les zones libérées» par la rébellion en Syrie.

«La première des urgences s'appelle la Syrie», a insisté le président français, critiquant l'impuissance de la communauté internationale «incapable d'empêcher la guerre».

«30 000 morts depuis 18 mois? Combien de morts encore devons-nous attendre avant d'agir, comment admettre plus longtemps la paralysie de l'ONU?», s'est-il indigné.

La France s'engage à «reconnaître le gouvernement provisoire, représentatif de la nouvelle Syrie libre, lorsqu'il sera formé», a réaffirmé le chef de l'État avant de demander aux Nations Unies d'accorder «dès maintenant au peuple syrien tout le soutien qu'il nous demande» en protégeant «les zones libérées» afin d'«assurer une aide humanitaire pour les réfugiés».

Le président français s'est cependant abstenu de préciser les contours pratiques d'une telle initiative laissée aux soins du Conseil de sécurité de l'ONU.

François Hollande a par ailleurs fustigé l'ingérence «inacceptable de l'Iran en Syrie», lors d'une conférence de presse tenue dans la foulée. «Nous avons tous les éléments de preuve que l'Iran intervient par des moyens humains et matériels en Syrie et c'est inacceptable», a-t-il déclaré.

Le nord Mali, situation «inacceptable»

Si la France ne se fait guère d'illusions sur la possibilité de surmonter le blocage russe et chinois du Conseil de sécurité sur la crise syrienne, elle nourrit l'espoir que la 67e Assemblée générale de l'ONU marquera un «tournant important» dans le dossier malien.

La situation au nord de ce pays occupé «par des groupes terroristes est insupportable, inadmissible, inacceptable», a dénoncé M. Hollande, qui a réaffirmé la disponibilité de Paris à soutenir les initiatives que prendront les Africains. «Il n'y a pas de temps à perdre», a-t-il souligné.

Le Mali a officiellement saisi le secrétaire général de l'ONU d'une demande d'autorisation pour une intervention militaire panafricaine visant à   reconquérir le nord du pays.

Et le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, réunira mercredi en marge de l'Assemblée générale une conférence internationale sur le Sahel dont Paris revendique à demi-mot la paternité.

Le président français y prendra de nouveau la parole, manière de souligner l'importance qu'il attache à ce conflit alors que son homologue américain, qui s'exprimait avant lui devant l'ONU, n'a pas eu un mot pour le Mali ou le Sahel.

Paris a promis d'apporter un «soutien logistique» à cette future force africaine. Mais ce dossier est doublement sensible pour la France. Ancienne puissance coloniale du Mali, elle compte six otages détenus dans la région par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a menacé la semaine dernière de les exécuter en cas d'intervention militaire dans le nord du Mali.

«La nécessité de libérer nos otages ne doit pas passer par un renoncement à assurer l'intégrité du Mali», a cependant déclaré M. Hollande devant la presse.

Dans la foulée du coup d'État militaire du 22 mars qui avait renversé le président malien Amadou Toumani Touré, tout le nord du pays était passé sous le contrôle de groupes islamistes armés qui multiplient depuis les exactions et imposent aux populations la charia dans toute sa rigueur.

Dans la soirée, le président Hollande a longuement rencontré la communauté française de New York dans une salle de music-hall de Broadway - «Qu'est-ce qu'on va dire? Que je me produis maintenant à Broadway», a-t-il plaisanté - , se livrant à un bain de foule aux côtés de sa compagne Valérie Trierweiler.

Le couple présidentiel s'est ensuite rendu à Ground Zero où le président a déposé une gerbe devant le mémorial élevé en souvenir des quelque 3000 morts du 11 septembre 2001.